Dr Philippe Aftimos, oncologue à l’Institut Jules Bordet à Bruxelles.
Des techniques de plus en plus fines permettent aujourd’hui d’établir un profil précis de la tumeur. L’objectif: mieux connaître ses forces, ses faiblesses pour des traitements toujours plus ciblés, personnalisés et efficaces.
«Les cancers du sein sont classiquement répartis en 3 grands groupes: HER2 positif, récepteurs hormonaux positifs ou triple négatif. Certaines thérapies permettent de cibler ces différents types de cancer du sein. L’hormonothérapie est par exemple efficace contre les cancers hormonosensibles. Mais ce n’est pas tout: de nouveaux traitements sont régulièrement mis au point! Depuis un peu plus d’un an, l’Afinitor permet par exemple en complément à l’hormonothérapie de contrer les éventuelles résistances à ce traitement qui peuvent apparaître aux stades métastatiques. Par ailleurs, les inhibiteurs de CDK4/6, une nouvelle classe de molécules qui visent le cycle cellulaire, sont en phase avancée de développement et pourrait se retrouver dans notre arsenal thérapeutique très bientôt.»
«L’Herceptin utilisée en adjuvant permet d’améliorer considérablement le pronostic des cancers HER2 positif. Et depuis l’apparition d’autres médicaments plus avancés, le pronostic est aujourd’hui meilleur encore! Le kadcyla – remboursé depuis le 1er décembre en Belgique – en est un exemple. Il s’agit d’un médicament à base d’Herceptin sur lequel on a «greffé» une chimiothérapie. Cette chimiothérapie ne se libère donc pas dans le sang de la patiente mais directement dans la tumeur lorsque l’Herceptin entre en contact avec les cellules tumorales. Ce médicament a donc beaucoup moins d’effets secondaires que la chimiothérapie classique – pas de chute des cheveux, pas de vomissements, etc. – mais une efficacité redoutable!»
«Depuis quelques temps et grâce aux développements de la technologie, nous parvenons à détecter des gènes spécifiques dans les tumeurs. Cela nous permet de mieux classifier les maladies en fonction des anomalies génétiques présentes et donc de subdiviser encore ces groupes. On en compte désormais plus de 10!»
«Il ne s’agit pas de gènes qui sont spécifiques à la patiente – ils ne sont pas héréditaires – mais bien de gènes qui apparaissent au sein de la tumeur suite aux mutations des cellules cancéreuses.
En laboratoire, on extrait l’ADN des cellules cancéreuses prélevées lors de la biopsie. Des machines appelées séquenceurs nous permettent ensuite de rechercher la présence de gènes spécifiques. Cela nous permet d’obtenir une sorte de carte d’identité de chaque cancer.»
«Elle nous permet d’obtenir des informations concernant des résistances à l’un ou l’autre traitement et donc de personnaliser notre prise en charge. Cela peut aussi nous permettre de trouver des cibles que nous pouvons viser à l’aide de traitements spécifiques actuellement en cours de développement. Ce type d’anomalies que l’on pourrait potentiellement cibler serait présentes chez à peu près 30% des patientes.»
«Certaines mutations génétiques au sein de la tumeur peuvent par exemple activer des voies de signalisation qui favorisent la multiplication des cellules cancéreuses. Or, certains médicaments nous permettent d’inactiver ces voies de signalisation. Ils empêchent en quelque sorte le «message de passer» et donc les cellules cancéreuses de proliférer.»
«Il nous faudra encore un peu de temps pour avoir des chiffres précis concernant le cancer du sein. Par contre, globalement dans tous types de cancer – et notamment dans le mélanome et le cancer du poumon – le taux de réponse – c’est-à-dire de régression de la tumeur – était de 7 à 10% dans les études de phase 1 lorsque nous ne disposions pas de cible. Depuis que l’on peut cibler ces anomalies génomiques avec des traitements, le taux de réponse a atteint les 50 à 80%. Du jamais vu!
On peut donc s’attendre à une véritable révolution concernant la prise en charge du cancer du sein dans les années à venir.»
«Elles sont pour l’instant à différentes phases de développement et ne sont donc pas disponibles dans la pratique routinière. Elles peuvent toutefois être accessibles dans le cadre d’études cliniques. Nous participons d’ailleurs au projet européen Aurora dans le cadre du cancer du sein métastatique qui nous permettra de rediriger les femmes vers de telles études avec un agent ciblé.»
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