Publié le 14/09/2015 à 09:52
Le nombre de mastectomies suite à un cancer du sein serait en hausse, y compris lorsque la taille de la tumeur est relativement limitée. Comment expliquer cette augmentation surprenante?
Selon une récente étude, de plus en plus de patientes atteintes d’un cancer du sein préfèreraient la mastectomie, c’est-à-dire l’ablation complète du sein, à la chirurgie conservatrice, qui ne consiste à n’enlever que la tumeur en préservant un maximum de tissus sains.
Les chercheurs ont examiné les choix de plus de 1,2 million de femmes dont le cancer du sein était précoce et qui auraient pu bénéficier d’une chirurgie conservatrice. Les résultats sont les suivants:
Pourquoi cette hausse des mastectomies?
«Ces résultats sont paradoxaux», explique le Dr Pino Cusumano, chirurgien oncologique et spécialiste du cancer du sein au CHU de Liège. «Nous découvrons les tumeurs de plus en plus tôt. Logiquement, les traitements conservateurs devraient être de plus en plus fréquents!»
Selon les auteurs de l’étude, cette augmentation des mastectomies serait en partie attribuable à l’augmentation des mastectomies bilatérales. Celles-ci permettraient d’éviter de recourir à la radiothérapie – puisque celle-ci n’est pas nécessaire en cas d’ablation complète du sein –, tout en garantissant une meilleure symétrie des deux seins grâce à l’amélioration des techniques chirurgicales de reconstruction mammaire.
Traitements du cancer du sein: manque d’informations
Mais le Dr Cusumano avance d’autres raisons pour expliquer cette augmentation: «Les patientes manquent parfois d’informations! Il est primordial que les médecins prennent le temps de leur expliquer les pour et les contre de chaque option thérapeutique. Si cela était fait, je ne suis pas sûr qu’il y aurait autant de mastectomies. Peu de personnes savent par exemple qu’une double mastectomie ne prémunit pas du cancer du sein!» Enlever un sein complètement est en effet extrêmement compliqué: les racines des glandes mammaires qui se trouvent sous la peau subsistent toujours. Or, il suffit d’une cellule défaillante pour qu’un cancer se forme!
L’«effet Angelina Jolie»
Autre élément: l’«effet Angelina Jolie». La célèbre actrice américaine a en effet choisi de subir préventivement une double mastectomie. Elle était porteuse d’une mutation du gène BRAC1, qui la prédisposait à développer un jour, avec une très haute probabilité, un cancer du sein. «Il faut rappeler qu’il s’agit là d’un cas particulier qui ne concerne qu’une minorité de patientes prédisposées génétiquement!», insiste le Dr Cusumano. «La médiatisation de ce cas a également concouru à entretenir une certaine confusion…»
La mastectomie, pas plus efficace?
La double mastectomie est-elle un choix justifié en l’absence d’une prédisposition génétique? «Non, chez les femmes qui ne sont pas génétiquement prédisposées, développer un cancer dans un sein n’augmente pas le risque d’en développer un dans l’autre sein», répond le Dr Cusumano. «De plus, si la tumeur fait moins de 5 cm, la chirurgie conservatrice offre les mêmes résultats en termes de survie qu’une mastectomie, à la différence que cette dernière option est beaucoup plus mutilante physiquement, mais aussi psychologiquement!» À chacune donc de faire son choix... en pleine connaissance de cause.
Thomas Coucq
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