Le cancer du sein HER2 positif a-t-il un impact plus important sur la vie professionnelle de la patiente que les autres formes de cancers du sein?
Quel que soit le type de cancer du sein, son impact varie d’une patiente à l’autre. Certaines femmes sont peu gênées par les effets secondaires des traitements (chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie, etc.), tandis que d’autres le sont davantage ou ont besoin de plus de temps pour se rétablir complètement.
Dans le cadre d’un cancer du sein HER2 positif, un traitement spécifique peut être administré en complément de la chimiothérapie: le trastuzumab. Celui-ci donne peu ou pas d’effets secondaires. Il existe deux formes d’administration de ce médicament : par intraveineuse (l’administration dure environ une demi-heure) ou par injection sous-cutanée (seulement 2 à 5 minutes). Et, après son passage à l’hôpital, la patiente peut en principe retourner à son travail.
Les arrêts de travail pendant le traitement sont-ils fréquents?
Tous les métiers ne permettent pas de se dire le matin: «Je ne me sens pas bien aujourd’hui, je ne vais pas aller travailler». Alors qu’une personne qui travaille dans l’entreprise de son conjoint ou de sa famille peut par exemple décider elle-même de travailler quelques heures quand elle s’en sent capable. Mais cela reste plus rare…
Ce manque de flexibilité du marché du travail a un impact indéniable: près de 80% des patientes qui travaillent sont forcées d’arrêter pendant le traitement. Par conséquent, la plupart des patientes atteintes d’un cancer du sein sont absentes pendant 6 à 12 mois de leur travail.
Y a-t-il des raisons médicales qui empêchent une reprise plus rapide du travail?
Pour la plupart des patientes, il reste difficile de reprendre le travail à temps plein dans l’année. Après l’opération, la durée de l’incapacité de travail dépend surtout de la vitesse à laquelle la patiente se remet de la chimiothérapie et/ou de la radiothérapie.
La reprise du travail peut-elle être positive sur le plan psychologique?
La plupart des patientes souhaitent reprendre le travail. C’est souvent pour elles le signe qu’elles peuvent prendre un nouveau départ. Il est toutefois très important que la patiente ou ex-patiente communique ouvertement sur sa maladie et ses conséquences. Le cancer est un sujet dont on doit pouvoir parler, aussi au travail!
Comment faire pour que la reprise du travail se passe pour un mieux?
Une reprise du travail progressive offre les plus grandes chances de réussite. Tout le monde n’est pas physiquement ou mentalement en état de recommencer à travailler à temps plein après 6 à 12 mois d’absence. Après le traitement, beaucoup de patientes souffrent encore de fatigue ou de problèmes de concentration. Et, dans ce cas, l’employeur et les collègues doivent faire preuve de beaucoup de compréhension. Il y a parfois des limites physiques – la présence par exemple d’un lymphœdème du bras – si bien que les collègues doivent être prêts à reprendre une partie de leur travail. De plus, beaucoup de patientes suivent encore un programme de revalidation et doivent avoir le temps de récupérer entièrement. Il est parfaitement possible de reprendre le travail à temps partiel et d’être en congé de maladie à temps partiel, mais les patientes se heurtent souvent au refus de leur employeur. Il n’est pas non plus toujours possible de bénéficier d’une adaptation de son travail. Il arrive encore trop fréquemment que les patientes ou ex-patientes ne soient plus les bienvenues à leur travail et soient licenciées à leur retour pour un motif fallacieux. Sur ce plan, il y a donc encore beaucoup de pain sur la planche!
Article rédigé par Caroline Stevens, journaliste sante. Publié le 02 décembre 2016. Merci au Pr Hannelore Denys, chef de clinique d’oncologie UZ Gent.
«L’annonce du cancer du sein crée un véritable bouleversement dans la dynamique familiale, tant d’un point de vue émotionnel que fonctionnel. Les réactions de la patiente mais aussi des membres de sa famille varient beaucoup selon le caractère de chacun et son vécu. Certains réagissent avec beaucoup de colère et d’agressivité, d’autres ont tendance à se rapprocher très fort de leur maman/épouse/sœur… Les membres de la famille se sentent souvent démunis face au cancer car ils veulent aider la patiente mais éprouvent des difficultés à trouver le juste équilibre pour ne pas l’étouffer. Ils ont souvent l’impression d’être "à côté de la plaque" ou de ne pas pouvoir répondre aux besoins et envies de la patiente. Le cancer du sein HER2+ étant une forme de cancer plutôt agressive, il peut susciter davantage d’inquiétudes dans le noyau familial.»
«En effet. Au niveau organisationnel, la cellule familiale est aussi déstabilisée. La patiente, fatiguée sous l’effet des traitements, ne peut souvent plus s’adonner à ses tâches habituelles. Pourtant, les enfants doivent encore aller à l’école, faire leurs devoirs, manger, avoir des vêtements propres, participer à leurs activités extrascolaires. Le conjoint prend régulièrement le relais et un réseau d’amis s’organise parfois autour de la patiente pour donner un coup de main. La baisse des revenus, dû à l’arrêt de travail de la patiente, peut aussi susciter une inquiétude supplémentaire et une réorganisation.»
«L’ouragan que provoque le cancer du sein peut ébranler la vie de couple. C’est une épreuve difficile qui requiert une bonne communication entre les deux partenaires. La patiente subit un traitement qui, même s’il est supportable, entraine une série de changements pouvant affecter son image de femme: perte des cheveux, des sourcils, des cils, des poils pubiens, peau abimée, sécheresse des muqueuses…, les rapports intimes peuvent dès lors être plus difficiles, moins agréables et moins fréquents car ils ne représentent pas une priorité pour la patiente, préoccupée par d’autres choses ou trop fatiguée. Le conjoint est souvent désarmé, impuissant et n’arrive pas à exprimer ses émotions. Il ne parvient souvent pas à mettre des mots sur ce qu’il ressent. Il est très important que les deux partenaires communiquent beaucoup pour surmonter cette épreuve ensemble. »
«Le cancer du sein HER2+, comme je l’ai dit plus tôt, est une forme de cancer plus agressive, avec un risque de récidive et de métastases plus élevé. La découverte de médicaments anti HER2, comme l’herceptine, a heureusement donné une nouvelle réponse aux patientes atteintes de cette forme de cancer. Récemment, un nouveau mode d’administration de l’herceptine a vu le jour: l’administration par voie intraveineuse (30 minutes) peut être remplacée par une injection sous-cutanée prenant à peine 3 à 5 minutes. Les patientes font donc un petit saut rapide à l’hôpital, puis peuvent retourner chez elles. Des études ont démontré que des traitements plus courts ont un impact positif sur le moral des patientes car elles ont l’impression d’être moins malades. Et cela a évidemment un effet sur les relations familiales car lorsque la patiente se sent mieux, c’est généralement aussi le cas de la famille.»
«L’après cancer n’est pas une période facile pour la patiente et sa famille. La famille a tendance à vouloir mettre cette épreuve derrière elle et reprendre sa vie "comme avant", notamment lorsque la patiente reprend une activité professionnelle. À l’exception près que la patiente n’est pas encore totalement remise de son cancer: la fatigue est généralement encore présente et la patiente a encore besoin d’exprimer certaines de ses difficultés. C’est donc souvent une période douloureuse pendant laquelle la patiente se sent incomprise.»
«Il existe, dans les services d’oncologie, une équipe de psychologues qui prennent en charge la patiente et sa famille si elles en ressentent le besoin – ce qui n’est pas le cas de tout le monde. L’épreuve du cancer fait parfois ressurgir au sein des familles des problèmes ou des tensions enfouies depuis longtemps qu’il est bon de pouvoir régler. La patiente peut aussi se joindre à des groupes de soutien composés d’autres patientes pour partager son expérience, échanger des conseils et se sentir comprise par des personnes qui traversent la même épreuve. Enfin, d’un point de vue organisationnel, il existe de nombreuses aides à domiciles pour soutenir la famille dans les tâches quotidiennes (repas, courses, ménage, navettes…).»
Article écrit par Kathleen Mentrop, journaliste santé. Publié le 17 février 2016.
«Les cancers du sein sont classiquement répartis en 3 grands groupes: HER2 positif, récepteurs hormonaux positifs ou triple négatif. Certaines thérapies permettent de cibler ces différents types de cancer du sein. L’hormonothérapie est par exemple efficace contre les cancers hormonosensibles. Mais ce n’est pas tout: de nouveaux traitements sont régulièrement mis au point! Depuis un peu plus d’un an, l’Afinitor permet par exemple en complément à l’hormonothérapie de contrer les éventuelles résistances à ce traitement qui peuvent apparaître aux stades métastatiques. Par ailleurs, les inhibiteurs de CDK4/6, une nouvelle classe de molécules qui visent le cycle cellulaire, sont en phase avancée de développement et pourrait se retrouver dans notre arsenal thérapeutique très bientôt.»
«L’Herceptin utilisée en adjuvant permet d’améliorer considérablement le pronostic des cancers HER2 positif. Et depuis l’apparition d’autres médicaments plus avancés, le pronostic est aujourd’hui meilleur encore! Le kadcyla – remboursé depuis le 1er décembre en Belgique – en est un exemple. Il s’agit d’un médicament à base d’Herceptin sur lequel on a «greffé» une chimiothérapie. Cette chimiothérapie ne se libère donc pas dans le sang de la patiente mais directement dans la tumeur lorsque l’Herceptin entre en contact avec les cellules tumorales. Ce médicament a donc beaucoup moins d’effets secondaires que la chimiothérapie classique – pas de chute des cheveux, pas de vomissements, etc. – mais une efficacité redoutable!»
«Depuis quelques temps et grâce aux développements de la technologie, nous parvenons à détecter des gènes spécifiques dans les tumeurs. Cela nous permet de mieux classifier les maladies en fonction des anomalies génétiques présentes et donc de subdiviser encore ces groupes. On en compte désormais plus de 10!»
«Il ne s’agit pas de gènes qui sont spécifiques à la patiente – ils ne sont pas héréditaires – mais bien de gènes qui apparaissent au sein de la tumeur suite aux mutations des cellules cancéreuses.
En laboratoire, on extrait l’ADN des cellules cancéreuses prélevées lors de la biopsie. Des machines appelées séquenceurs nous permettent ensuite de rechercher la présence de gènes spécifiques. Cela nous permet d’obtenir une sorte de carte d’identité de chaque cancer.»
«Elle nous permet d’obtenir des informations concernant des résistances à l’un ou l’autre traitement et donc de personnaliser notre prise en charge. Cela peut aussi nous permettre de trouver des cibles que nous pouvons viser à l’aide de traitements spécifiques actuellement en cours de développement. Ce type d’anomalies que l’on pourrait potentiellement cibler serait présentes chez à peu près 30% des patientes.»
«Certaines mutations génétiques au sein de la tumeur peuvent par exemple activer des voies de signalisation qui favorisent la multiplication des cellules cancéreuses. Or, certains médicaments nous permettent d’inactiver ces voies de signalisation. Ils empêchent en quelque sorte le «message de passer» et donc les cellules cancéreuses de proliférer.»
«Il nous faudra encore un peu de temps pour avoir des chiffres précis concernant le cancer du sein. Par contre, globalement dans tous types de cancer – et notamment dans le mélanome et le cancer du poumon – le taux de réponse – c’est-à-dire de régression de la tumeur – était de 7 à 10% dans les études de phase 1 lorsque nous ne disposions pas de cible. Depuis que l’on peut cibler ces anomalies génomiques avec des traitements, le taux de réponse a atteint les 50 à 80%. Du jamais vu!
On peut donc s’attendre à une véritable révolution concernant la prise en charge du cancer du sein dans les années à venir.»
«Elles sont pour l’instant à différentes phases de développement et ne sont donc pas disponibles dans la pratique routinière. Elles peuvent toutefois être accessibles dans le cadre d’études cliniques. Nous participons d’ailleurs au projet européen Aurora dans le cadre du cancer du sein métastatique qui nous permettra de rediriger les femmes vers de telles études avec un agent ciblé.»
«Toujours avec le même produit, à l’hôpital et toutes les trois semaines, mais l’infirmière m’injecte désormais lentement le trastuzumab dans la cuisse. Ce mode d’administration est beaucoup plus rapide. Et comme je suis moins fatiguée l’après-midi, je peux faire ce que je veux.»
«Il m’avait déjà expliqué que la variante sous-cutanée était en développement et que la durée d’administration du traitement ne serait plus que de quelques minutes. Et comme je n’ai pas peur des piqûres… J’étais effectivement très demandeuse des injections. À la fin, je devenais même impatiente!»
«Non, certainement pas ! Avant, je passais toute ma matinée à l’hôpital à regarder la TV ou à lire des magazines. Aujourd’hui, le traitement prend moins de temps. Je me sens aussi bien mieux par après. Et la veille, mon moral est bien meilleur. J’appréhende moins cette visite à l’hôpital. L’administration du traitement par injection rend mon combat contre le cancer du sein plus confortable.»
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