On estime actuellement qu'à peu près 60% des personnes qui souffrent du syndrome de l'intestin irritable sont aussi touchées par un trouble dépressif ou anxieux. Mais cette catégorie de troubles est très variée, allant de la dépression majeure à une phobie spécifique en passant par l'anxiété généralisée. Une étude publiée en mars 2009 dans le Journal of Anxiety Disorders a cherché à déterminer exactement quels troubles étaient liés au SII.
Et il s'avère que tous les troubles anxieux et dépressifs ne sont pas égaux face au syndrome de l'intestin irritable. Voici ceux qui sont souvent présents en même temps que le SII:
En revanche, les personnes souffrant des troubles anxieux ou dépressifs suivants ne présentent pas plus de syndrome du côlon irritable que la population générale:
Les médecins n'ont pas encore élucidé entièrement le lien entre les deux troubles. Certaines pistes sont cependant avancées. La première est celle du système immunitaire. Il est en effet affecté par le stress, mais aussi très impliqué dans le fonctionnement des intestins. Certains spécialistes avancent aussi l'hypothèse que les personnes souffrant de troubles anxieux ou dépressifs seraient plus sensibles à des mouvements normalement indolores du système digestif. Inversement, certains pensent que les personnes souffrant de SII pourraient être plus affectées par le stress émotionnel. Enfin, il semble que la dépression et/ou l'anxiété rendent plus difficile une prise en charge efficace du SII.
Source: Daniel F. Gros et al., Frequency and severity of the symptoms of irritable bowel syndrome across the anxiety disorders and depression , Journal of Anxiety Disorders, mars 2009.
Notre intestin n'est pas un organe comme les autres. Il possède son propre système nerveux, appelé système nerveux entérique ou digestif. Il est responsable de fonctions non soumises au contrôle volontaire: péristaltisme (contractions musculaires qui permettent la progression du bol alimentaire), sécrétions gastriques, vomissements... Le système entérique contient plus de 200 millions de neurones et de nombreux neurotransmetteurs. La sérotonine, par exemple, est un neurotransmetteur présent dans le cerveau (il régule l'humeur) mais aussi dans l'intestin. Le système entérique est connecté au système nerveux central, c'est-à-dire au cerveau, via le nerf vague.
Le nerf vague permet à l'intestin et au cerveau de communiquer en permanence, en s'envoyant des informations via les neurotransmetteurs. Cette communication permet notamment de protéger l'organisme contre certains dangers: par exemple, en présence d'un aliment infecté, l'intestin alertera le cerveau via le nerf vague; le cerveau signalera alors à l'intestin d'arrêter le processus de digestion.
Les similarités entre l'intestin et le cerveau expliquent pourquoi des médicaments qui agissent au niveau cérébral peuvent aussi avoir des effets sur l'intestin. C'est le cas des antidépresseurs qui, en agissant sur la sérotonine pour améliorer l'humeur, provoquent souvent des troubles digestifs chez les patients soignés pour une dépression. A l'inverse, à petites doses, on sait que les antidépresseurs peuvent améliorer les symptômes intestinaux en cas de syndrome de l'intestin irritable. Ces liens entre cerveau et intestin pourraient aussi expliquer pourquoi on retrouve souvent un profil anxieux chez les patients souffrant d'un syndrome de l'intestin irritable. L'impact du fonctionnement intestinal sur les neurotransmetteurs, et inversement, offre en effet une explication fonctionnelle (et non psychosomatique) aux liens entre troubles de l'humeur et de la digestion.
Merci au Dr Ariane Gerkens, gastro-entérologue à l'Hôpital Erasme à Bruxelles.
Il existe des médicaments contre la diarrhée, l'un des symptômes les plus fréquents du syndrome de l'intestin irritable. Mais pour maîtriser durablement ces symptômes, il est aussi important de trouver ses propres solutions et d'adapter son mode de vie.
La première étape, si vous ne savez pas ce qui déclenche les diarrhées, est de tenir un journal. Vous y noterez non seulement les symptômes et leur sévérité, mais aussi ce que vous mangez, et même les événements de la journée. Avec le temps, vous parviendrez peut-être à identifier des aliments ou des comportements qui sont liés à l'apparition de la diarrhée, et que vous pourrez donc éviter pour diminuer le nombre des crises. Cette étape est importante car les symptômes et les mécanismes du syndrome de l'intestin irritable ne sont pas les mêmes pour tout le monde.
Ceci dit, s'il est une chose sur laquelle toutes les personnes qui souffrent de syndrome de l'intestin irritable sont d'accord, c'est que le stress augmente la survenue des symptômes. La diarrhée est particulièrement concernée, avec pour certaines personnes des épisodes où il faut courir aux toilettes à l'heure d'un rendez-vous important. Les techniques qui permettent de faire diminuer le niveau général de stress, comme le yoga, la relaxation ou la méditation, peuvent donc être utiles. Par ailleurs, selon la World Gastroenterology Organization (organisation mondiale de gastroentérologie), les thérapies psychologiques comme la thérapie cognitive ou l'hypnose sont efficaces pour soulager les symptômes de l'intestin irritable, y compris la diarrhée.
Source: World Gastroenterology Organisation Global Guidelines.
Une impression de ventre gonflé, des borborygmes, des pets? Nous savons tous ce que sont les ballonnements. Ils constituent l'une des plaintes fréquentes des personnes qui souffrent d'intestin irritable, et sont en général attribués à un excès de gaz ou d'air dans le ventre. C'est une erreur: du point de vue scientifique l'excès de gaz n'existe que dans des cas précis et relativement peu fréquents, comme l'intolérance au lactose. La plupart du temps, la sensation de ballonnement s'explique par un transit des gaz trop lent ou, surtout dans les cas d'intestin irritable, par une hypersensibilité de l'intestin à des gaz qui sont en réalité normaux.
Avec des causes aussi mal définies, il n'est pas facile de trouver une solution aux sensations de ballonnement. Certains médicaments, le charbon actif ou la phytothérapie peuvent améliorer la situation, tout comme des probiotiques; mais on manque actuellement d'études qui prouvent leur efficacité, et ils sont de toute façon à intégrer dans un traitement plus global contre l'intestin irritable. Sur le plan de l'hygiène de vie et de l'alimentation, certaines mesures sont efficaces:
Merci au Dr Alain Sibille, Chef du Département de Gastro-entérologie du Grand Hôpital de Charleroi.
Le syndrome de l'intestin irritable est une maladie fonctionnelle: elle n'entraîne aucune modification des organes, seul leur fonctionnement est altéré. C'est du moins le cas pour les intestins, puisque malgré les douleurs, les ballonnements, la diarrhée et/ou la constipation, ils semblent normaux au cours des examens. Dans le cerveau, c'est une autre histoire d'après une étude récente*. En effet, des chercheurs viennent de découvrir dans le cerveau des personnes affectées par le syndrome de l'intestin irritable des différences très spécifiques.
Les scientifiques ont découvert une diminution de l'épaisseur de certaines zones du cortex (la matière grise qui entoure le cerveau), qui servent normalement à:
Ils pensent donc que le SII est lié au fait que le cerveau des personnes affectées est anormalement attentif à ce qui se passe dans l'intestin, et qu'il n'est en plus pas en mesure de faire diminuer les signaux douloureux.
Selon les chercheurs, que les personnes souffrent prioritairement de diarrhée ou de constipation dans le cadre de leur SII ne change rien aux différences observées dans le cerveau. En revanche, les personnes qui ressentaient peu de douleur dans le cadre de leur SII, mais plutôt des symptômes désagréables ou gênants, n'ont pas les mêmes caractéristiques.
*Seminowicz, D.A., Gastroenterology, juillet 2010.
Il est reconnu aujourd'hui que, parmi les co-facteurs qui entrent en ligne de compte dans le développement d'un syndrome de l'intestin irritable, le stress et l'anxiété jouent un rôle. Faut-il pour autant courir consulter un psy? Une étude* a démontré que ce type d'intervention peut être bénéfique. Mais attention, c'est au médecin traitant - généraliste ou spécialiste gastro-entérologue - de conseiller ou non ce genre d'approche.
La majorité des patients souffrant d'intestin irritable souffrent également de troubles anxieux ou de dépression. Ils développent également plus de pathologies somatiques: fibromyalgie, douleurs thoraciques non cardiaques... Les patients souffrant de SII présenteraient une vigilance accrue à leurs sensations physiques ainsi qu'une perception très forte du sentiment de stress. En ce sens, un traitement psy visant à réduire le stress pourrait être utile.
Certaines thérapies se prêtent particulièrement bien à la gestion du stress dans l'intestin irritable. Ainsi, l'hypnose a clairement démontré son efficacité pour diminuer les symptômes gastro-intestinaux, l'anxiété et la dépression et autres, tout en améliorant la qualité de vie. Les thérapies cognitives et comportementales qui sont centrées sur le problème sont également efficaces.
Dans tous les cas, demandez conseil à votre médecin et ne consultez que des psychothérapeutes reconnus. Vous pouvez en trouver une liste sur le site de l'Association pour l'étude, la modification et la thérapie du comportement.
*David J Kearney and coll Nat Clin Pract Gastroenterol Hepatol Septembre 2008
Une méta-étude est une réanalyse rigoureuse des résultats d'autres études précédentes. Les chercheurs évaluent la fiabilité des études et synthétisent leurs résultats. Ils obtiennent donc une vision plus précise de l'état des connaissances à un moment donné. C'est ce qui a été fait pour l'acupuncture et le syndrome de l'intestin irritable par la Collaboration Cochrane, un groupement de chercheurs à but non lucratif qui pratique ce type de recherche dans le but d'améliorer l'information scientifique donnée au public.
Les résultats obtenus par la Collaboration Cochrane ne sont pas encourageants pour les défenseurs de l'acupuncture. En effet, les études vraiment crédibles, c'est-à-dire celles où l'acupuncture a été comparée à un placebo (utilisation d'aiguilles mais sans respecter les principes de l'acupuncture) ont montré qu'elle n'est pas efficace pour améliorer le nombre de crises, ni les symptômes de l'intestin irritable comme la diarrhée, les douleurs abdominales et autres. Le bien-être général n'était pas non plus amélioré. Les seules études qui montrent un bénéfice de l'acupuncture ont été faites sans la comparer à un placebo, et ne peuvent donc pas être prises très au sérieux. Inutile, donc, de compter sur un acupuncteur pour soulager vos symptômes. une visite chez un médecin sera bien plus efficace. Celui-ci pourra en effet vous prescrire les médicaments qui fonctionnent, et vous donner les bons conseils à appliquer dans la vie quotidienne.
Lim B., Manheimer E, Lao L, Ziea E, Wisniewski J, Liu J, Berman BM. Acupuncture for treatment of irritable bowel syndrome. Cochrane Database of Systematic Reviews 2006, Issue 4.
Les symptômes du syndrome de l'intestin irritable sont clairement définis par les critères de Rome III: douleur abdominale au moins trois jours par mois pendant les trois derniers mois, éventuellement soulagée par la défécation, qui s'ajoute à un changement de fréquence ou de consistance des selles.
Certaines publications (1) ont fait état du fait qu'une proportion importante des patients touchés par le syndrome de l'intestin irritable ont aussi d'autres symptômes. Ces derniers peuvent se rencontrer chez des patients à personnalité anxieuse: douleur lombaire, troubles urinaires, dyspareunie (douleurs vaginales à la pénétration), fatigue, mauvais goût dans la bouche, nausées, vomissements, etc. Il ne s'agit donc pas de symptômes du syndrome de l'intestin irritable, mais de symptômes autres, souvent présentés par les mêmes patients.
Seules quelques rares études réalisées sur un petit nombre de patients ayant été publiées, la proportion exacte de personnes atteintes du syndrome de l'intestin irritable qui souffrent de symptômes extra intestinaux n'est pas connue. D'après ces études, la présence de symptômes extra intestinaux pourrait être un argument pour établir le diagnostic du syndrome de l'intestin irritable et éliminer un autre diagnostic, comme par exemple celui d'une maladie inflammatoire de l'intestin.
(1) "Syndrome de l'intestin irritable: une approche globale" (World Gastroenterology Organisation Global Guidelines), juin 2009Article réalisé avec la collaboration du Dr Alain Sibille, chef du Département de Gastro-entérologie du Grand Hôpital de Charleroi.
S'il n'est en général pas grave, le syndrome de l'intestin irritable entraîne néanmoins une diminution sérieuse de la qualité de vie. Celle-ci ne provient pas uniquement des symptômes eux-mêmes, mais aussi de leur côté imprévisible. En effet, les personnes atteintes de SII vivent souvent des jours, voire des semaines sans présenter de symptômes particuliers. Il faut savoir s'adapter... Trop souvent, les patients ont une idée du régime alimentaire (très restrictif) à suivre pendant les crises, mais ne savent pas très bien comment éviter les crises. Il existe pourtant des conseils.
Voici les règles principales pour bien se nourrir quand on souffre d'un syndrome de l'intestin irritable sans mettre son transit en danger. Les féculents, les viandes de toutes sortes, les produits laitiers, les fruits et les légumes sont, a priori, permis. Il faut simplement, au sein de ces différents groupes, faire les bons choix:
Merci à Laurence Dieu, diététicienne au CHR de Mons et membre de l'Union Professionnelle des Diététiciens de Langue Française.
Douleurs abdominales, diarrhées, ballonnements? le syndrome de l'intestin irritable touche environ 10 à 20% de la population dans les pays occidentaux, en majorité les femmes. Outre l'adoption de bonnes habitudes alimentaires, il a été démontré qu'une bonne gestion du stress permettait de diminuer les symptômes. En effet, le syndrome de l'intestin irritable est souvent lié à un contexte anxieux. La nature même des symptômes a tendance à accentuer cette anxiété chez les patients. Certains peuvent même développer une véritable phobie sociale, liée, par exemple, à la peur de devoir aller aux toilettes à un moment inopportun (au théâtre, chez des amis dont les toilettes ne sont pas bien isolées, en voiture...) ou d'émettre des bruits gênants (borborygmes, flatulences...) en public. Au final, le syndrome de l'intestin irritable peut donc entraîner un véritable repli sur soi.
Le but de l'hypnose est de permettre au patient d'atteindre, via des suggestions, des images, un état de conscience modifiée. L'hypnose ne constitue donc pas en soi une thérapie: elle est un outil utilisé par des psychothérapeutes de diverses obédiences (psychanalyse, thérapies brèves...) dans le processus thérapeutique. Dans le cadre du syndrome de l'intestin irritable, l'hypnose peut apprendre à mieux gérer les anticipations anxieuses. Elle est aussi utile pour apprendre à se relaxer et à se centrer sur autre chose que sur son propre corps. Elle va en outre permettre aux patients atteints du syndrome de l'intestin irritable de mieux accepter et gérer leur maladie au quotidien. Plusieurs études ont ainsi montré l'efficacité de l'hypnose chez les patients atteints d'un syndrome de l'intestin irritable, même sévère, a fortiori chez les patients qui pensent pouvoir agir sur leurs symptômes grâce à leur propre comportement.
Nos remerciements à Muriel Fuks, psychologue et hypnothérapeuteSources:- Hefner J, Rilk A, Herbert BM, Zipfel S, Enck P, Martens U, Hypnotherapy for irritable bowel syndrome-a systematic review, Z Gastroenterol., novembre 2009.- Medical News Today, Even The Most Severe Symptoms Rapidly Relieved By Self-Directed Behavioral IBS Treatment (University at Buffalo)
Douleur, gêne abdominale, modification du transit intestinal (changement de fréquence ou de consistance des selles) avec une tendance à la diarrhée ou à la constipation, ballonnements, fatigue... Il est difficile de faire la distinction entre les symptômes d'un intestin irritable, et ceux de deux affections qui lui ressemblent parfois:
Pour faire la différence entre le syndrome de l'intestin irritable, l'intolérance au lactose et la maladie coeliaque, le médecin va se baser sur plusieurs éléments:
Avec la collaboration du Dr Alain Sibille, chef du Département de Gastro-entérologieDu Grand Hôpital de Charleroi, sites NotreDame et Reine Fabiola.
Au cours de la mastication, ce que nous mangeons change de texture pour devenir une masse molle que l'on appelle bolus. La température des aliments change aussi, et se rapproche de la température du corps. Enfin, les aliments sont mélangés à la salive, qui humidifie la nourriture pour qu'elle soit plus facile à avaler, mais joue aussi un rôle très important dans la digestion. Elle permet en effet de dégrader l'amidon contenu dans nos aliments.
La digestion commence dès que la nourriture est dans la bouche. Décomposer les aliments en tout petits morceaux facilite en effet la digestion. L'estomac et l'intestin n'ont pas les moyens de le faire, et des morceaux plus gros seront plus difficiles à digérer!
Des aliments bien mâchés, réduits en tout petits morceaux et bien mélangés avec la salive, vont permettre au transit ordinaire de se dérouler sans obstacle. Or, tout ce qui facilite la digestion va aider à diminuer les symptômes du syndrome de l'intestin irritable. Bien mâcher minimise aussi la quantité d'air avalé avec la nourriture. Enfin, une mastication soigneuse va aussi nous inciter à nous poser tranquillement pour le repas. Un point positif, puisque le stress et l' intestin irritable vont souvent de pair.
Les probiotiques sont des micro-organismes vivants dont l'activité dans notre organisme est positive pour la santé. Il en existe de nombreuses sortes, et tous n'ont pas les mêmes effets, mais certains d'entre eux ont prouvé leur efficacité en cas de ballonnements et de diarrhées. Selon une étude publiée dans la revue Nature Medicine*, la souche Lactobacillus Acidophilus NCFM réduirait les douleurs intestinales. Mais il faut savoir que la prise ponctuelle de probiotiques n'est d'aucune efficacité. Il convient de suivre un traitement d'au moins 3 mois avant d'obtenir un résultat, ce qui peut représenter un coût important pour le patient (min 30 euros par mois).
Les prébiotiques sont des substances, souvent des sucres, qui encouragent la présence et l'activité de la flore intestinale. Prescrits depuis de nombreuses années pour lutter contre les problèmes de constipation, ils induisent cependant des problèmes de ballonnements ou de coliques. Dans le cas de l'intestin irritable, ils doivent donc être pris avec modération afin de trouver le juste équilibre.
Les fibres solubles, ou mucilages, sont disponibles sous forme de compléments alimentaires et elles ont une certaine efficacité sur la constipation. Il faut boire beaucoup d'eau quand on les consomme, pour éviter les ballonnements. Les premiers résultats apparaissent au bout de trois semaines. Les vitamines, en revanche, ne sont pas utiles dans le traitement de l'intestin irritable.
*Christel Rousseaux et al., Nature Medicine, décembre 2006Article réalisé avec la collaboration du Dr Marc Witterwulghe.
Une fois l'éventualité d'une pathologie spécifique comme une lésion tumorale ou une intolérance au lactose éliminée, ce sont souvent les antispasmodiques musculotropes (Buscopan, Spasmomen ou autres) qui sont privilégiés en matière de traitement. Ces médicaments favorisent en effet le relâchement des muscles lisses (muscles que l'on ne contrôle pas par la volonté) de l'appareil digestif, qui ont tendance à se contracter dans le syndrome de l'intestin irritable, causant douleurs et troubles du transit.
Des études semblent avoir montré que certains médicaments de cette classe étaient plus efficaces que d'autres. Si vous en utilisez un et que les symptômes persistent, il peut cependant être intéressant d'essayer un autre antispasmodique, l'efficacité pouvant varier d'un patient à l'autre. Pour expliquer ces différences, les spécialistes pensent à l'effet placebo. En effet, pour un syndrome souvent couplé à un terrain anxieux, le simple fait d'être pris en charge, même pour un changement de médicament, est parfois efficace en soi.
Outre les douleurs abdominales, le syndrome de l'intestin irritable se manifeste aussi souvent par de la constipation et/ou des diarrhées. Le traitement médicamenteux sera donc aussi adapté en conséquence, privilégiant ici les laxatifs, là un antidiarrhéique. Etant donné le contexte psychosomatique du syndrome de l'intestin irritable, les anxiolytiques ou antidépresseurs sont parfois aussi utilisés. Cependant, leurs effets secondaires - notamment sur le système digestif - n'en font pas une solution idéale.
Merci au Dr Michel Melange, Chef de service du service de gastro-entérologie aux Cliniques universitaires UCL de Mont-Godinne.
Les douleurs abdominales liées au syndrome de l'intestin irritable (SII) pourraient résulter d'une hypersensibilité viscérale, c'est-à-dire une perception exacerbée des mouvements du tube digestif. Des crampes et des ballonnements (flatulences) sont aussi fréquents. Pour en atténuer l'intensité, diverses options peuvent être envisagées. Il n'existe cependant pas de «pilule miracle» efficace chez tous les patients. Pour être optimale, la prise en charge de ces douleurs doit impliquer un suivi personnalisé et une approche au cas par cas.
SII et douleurs: l'adaptation de l'alimentation
Chez les personnes atteintes du SII, il est dès lors souvent recommandé d’associer médicaments, gestion du stress et, enfin et surtout une simple adaptation du régime alimentaire pour atténuer les douleurs et d'améliorer la qualité de vie.
«Plus de la moitié de mes patients absorbent mal - voire pas du tout - certains sucres», observe le Dr Axel Hittelet, gastroentérologue au CHU Ambroise Paré. Les molécules incriminées peuvent être regroupées sous l'acronyme FODMAP. On les retrouve dans certains fruits et légumes mais aussi dans le miel ou les édulcorants, par exemple. Quand ces sucres ne sont pas absorbés par l'intestin grêle, ils passent dans le côlon (gros intestin), où ils sont transformés en gaz par un processus de fermentation. Ce phénomène entraîne une distension du côlon qui engendre à son tour ballonnements, crampes et/ou diarrhées.
Pas question toutefois de se lancer dans un régime drastique susceptible d'entraîner des carences! Il ne s'agit pas de supprimer tous les FODMAP mais de réduire, sous suivi médical, la consommation de ceux qui posent problème.
SII et antispasmodiques
Les antispasmodiques (ou spasmolytiques) sont des médicaments qui agissent sur les mouvements et les contractions de l'intestin. Ils peuvent atténuer les douleurs en combattant les spasmes et les crampes et en diminuant l'hypersensibilité viscérale. «Ce sont des traitements symptomatiques des douleurs», précise le Dr Hittelet. «Leur utilisation doit être ponctuelle et limitée dans le temps.»
SII et menthe poivrée
Les médicaments à base d'huile essentielle de menthe poivrée jouent le même rôle que les spasmolytiques classiques. La menthe poivrée est en effet reconnue pour ses vertus antispasmodiques. Elle diminue en outre la quantité de gaz dans les intestins. Elle agit aussi sur les récepteurs de la douleur situés dans les intestins (responsables de l’hypersensibilité et des douleurs dans le SII).
Ces préparations se présentent sous forme de capsules gastro-résistantes, qui ne se dégradent qu'au niveau de l'intestin.
Les spasmolytiques à base de menthe poivrée ne provoquent que peu d'effets secondaires. Néanmoins un goût de menthe et des aigreurs d’estomac peuvent parfois se produire.
SII et antidépresseurs
«Les médicaments antidépresseurs jouent, eux, sur la sensibilité viscérale et peuvent modifier la perception de la douleur», explique le Dr Hittelet. «Il s'agit cependant de produits beaucoup plus toxiques. Ils ne doivent être utilisés qu'en dernier recours.» Les antidépresseurs peuvent par ailleurs favoriser une constipation; ils doivent donc être évités chez les patients constipés.
SII et gestion du stress
«Le stress et l'anxiété exacerbent les douleurs», rappelle le Dr Hittelet. «Apprendre à les maîtriser jouera indéniablement sur ce symptôme.»
Pour lutter contre le stress, les thérapies cognitivo-comportementales et l'hypnose peuvent s'avérer utiles.
SII et douleurs: ne pas négliger les signes d'alerte
«Si le SII altère la qualité de vie, il n'entraîne pas de complication à long terme», rappelle le Dr Hittelet. Il n'est donc pas associé à un risque accru de développer un cancer ou une maladie inflammatoire intestinale chronique. Néanmoins, si les douleurs s'accompagnent de symptômes d'alarme, il est important de consulter. Pour rappel, ces signes d'alerte sont la présence de sang dans les selles, une perte de poids anormale, une constipation inhabituelle et prolongée…
Article publié le 23/6/2014, et réalisé avec la collaboration du Dr Axel Hittelet, gastroentérologue au CHU Ambroise Paré.
Sources:
1. Fermentable by colonic bacteria Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides, And Polyols - en français: oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides, polyols fermentiscibles par la flore intestinale)
2. http://www.worldgastroenterology.org/assets/downloads/fr/pdf/guidelines/20_irritable_bowel_syndrome_fr.pdf
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