«D'ici quelques années, le nombre de cas va augmenter considérablement», a prévenu Lieve Brochez, professeur de dermatologie (UZ Gent) et Présidente d'EuroSkin, l’association européenne pour la prévention du cancer de la peau. «Les traitements se sont améliorés ces dernières années, augmentant le taux de guérison, mais notre système de santé n'est pas prêt à faire face à une vague de patients atteints de cancer.»
Selon le Pr Brochez, les principales causes de cette augmentation sont le vieillissement de la population et notre comportement vis-à-vis des rayons ultraviolets (UV). «Le risque de cancer de la peau augmente avec l'âge. Avec le vieillissement de la population, le cancer de la peau deviendra plus fréquent. Le corps répare les dommages causés par les UV moins rapidement avec l'âge et la surveillance exercée par le système immunitaire diminue.»
«Les dommages causés par les UV s'accumulent également avec l'âge, et l'enfance est une période importante. Les générations nées avant 1980, en particulier, n'ont pas été bien protégées pendant leur enfance, car la relation entre les rayons UV et le cancer de la peau n'était pas connue à l'époque.»
Mais il existe bel et bien un lien entre les coups de soleil («overdose d'UV», selon le Pr Brochez) et le cancer de la peau (mélanomes). «Les rayons UV sont classés par l'Organisation mondiale de la santé comme cancérigènes au même titre que le tabac et l'alcool. Nous nous exposons trop souvent au plein soleil», a affirmé le Pr Brochez.
Source: https://www.vrt.be/vrtnws/nl/2023/06/30/terzake-huidkanker/
La société pharmaceutique Moderna espère mettre sur le marché un vaccin contre le cancer de la peau d'ici 2025. «Les résultats sont très prometteurs», déclare Evelien Smits, professeur à l'université d'Anvers, sur Radio 1. Ce qui est également particulier, c'est que d'autres formes de cancer peuvent être combattues avec un tel vaccin personnalisé à base d'ARNm.
Les nouveaux résultats de recherche de l'entreprise suscitent déjà des attentes. Au total, 157 patients atteints d'un cancer de la peau et chez qui les cellules cancéreuses s'étaient déjà propagées ont participé à l'étude. Après l'ablation de leur tumeur, certains d'entre eux ont reçu le vaccin. «Les chercheurs ont administré à un groupe de patients la combinaison du traitement d'immunothérapie standard et du vaccin anticancéreux personnalisé. Ils ont comparé cette combinaison avec un groupe qui n'a reçu que le médicament d'immunothérapie», explique Evelien Smits, professeur d'immunothérapie du cancer.
Les patients ont été suivis pendant trois ans. «Les résultats sont prometteurs», déclare Smits. «Les personnes qui ont reçu la combinaison ont eu deux fois moins de risques de rechute ou de décès.» Le risque de décès et de récidive après ablation, pour être précis, a chuté de 49 %. Le risque de propagation a quant à lui chuté de 62 %. «Les chercheurs ont maintenant entamé une vaste étude dans laquelle ils traitent 1 000 patients», ajoute-t-elle. Au total, 14 pays participent à cette nouvelle phase de recherche, dont la Belgique.
La technologie de l'ARNm... Une technologie révolutionnaire qui, selon la biologiste clinique Isabel Reloux-Roels (UZ Gent), peut être réutilisée lors de futures pandémies: «Il a fallu un an pour mettre au point un vaccin, mais avec l'expérience que nous avons maintenant, l'objectif est de fabriquer un vaccin en 100 jours en cas de nouvelle pandémie», a-t-elle déclaré à VRT NWS. «Mais même si nous sommes épargnés par une nouvelle pandémie, la technologie de l'ARNm pourrait nous offrir une série de nouveaux vaccins. D'abord pour les maladies infectieuses telles que la grippe ou le cytomégalovirus (qui peut être nocif pour les femmes enceintes).»
Une deuxième grande application espérée est la lutte contre le cancer. «On pense que des vaccins efficaces contre le cancer pourraient déjà être sur le marché d'ici 2030», indique Mme Leroux-Roels. «Le vaccin contre le cancer de la peau est déjà le plus développé à l'heure actuelle, mais d'autres vaccins sont en cours d'élaboration: pour le cancer de la prostate, du côlon et du pancréas, entre autres.»
Mais contrairement à ce qui s'est passé lors de la pandémie de corona, il n'y aura pas un seul et unique vaccin pour toute la population. «En effet, chaque cancer a un profil unique, sa propre signature en quelque sorte. Après avoir analysé les cellules cancéreuses présentes dans votre corps, vous obtiendrez également un vaccin personnalisé, qui pourra ensuite, en combinaison avec d'autres thérapies, déclencher une attaque très ciblée du système immunitaire.»
Autre bonne nouvelle: le vaccin entraînerait moins d'effets secondaires que la chimiothérapie, par exemple, et resterait efficace à long terme, selon Mme Leroux-Roels: «Après tout, le système immunitaire a une mémoire, de sorte que si le cancer réapparaît, il peut à nouveau entrer en action.»
Source: https://www.vrt.be/vrtnws/nl/2023/10/02/na-de-nobelprijs-zijn-mrna-vaccins-de-toekomst/
L'équipe du Pr Bart Neyns a testé un nouveau traitement expérimental dans lequel les cellules de l'organisme qui aident le système immunitaire à attaquer et à rendre inoffensives les cellules cancéreuses sont injectées dans la tumeur en même temps qu'un agent synthétique supplémentaire de renforcement du système immunitaire (01B).
L'objectif est ainsi de renforcer la réponse immunitaire. L'essai clinique s'est concentré sur des patients atteints de mélanome présentant des métastases dans la peau et des ganglions lymphatiques dans lesquelles on pouvait facilement injecter un produit. Le traitement s'est avéré sûr et offre d'excellents résultats. Chez deux des huit patients, toutes les métastases ont disparu. Les résultats ont été présentés la semaine dernière lors de la 37e réunion annuelle de la Society of Immunotherapy of Cancer (SITC) à Boston par le Dr Jens Tijtgat. Compte tenu de ces premiers résultats prometteurs, l'essai clinique reprendra en 2023.
Le Pr Bart Neyns, chef du département d'Oncologie médicale (UZ Brussel), explique: «Au cours de la dernière décennie, d'énormes progrès ont été réalisés dans le traitement du mélanome avancé. Aujourd'hui, nous sommes en mesure de guérir environ 25% de ces patients. Malheureusement, la maladie continue d'avoir une issue fatale pour la majorité de nos patients. Nous savons que ces cellules tumorales ne sont pas toujours aussi visibles pour notre système immunitaire, ce qui est une condition préalable pour que l'immunothérapie actuelle fonctionne de manière optimale. Des recherches scientifiques précliniques ont déjà montré que les cellules dendritiques dites myéloïdes (c’est-à-dire les cellules de l'organisme qui attaquent et rendent inoffensives les cellules cancéreuses) jouent un rôle essentiel dans la reconnaissance des cellules cancéreuses et la coordination d'une réponse immunitaire efficace contre la maladie. C'est précisément parce que certaines tumeurs excluent ces cellules que nous avons imaginé cette étude dans laquelle des cellules dendritiques myéloïdes isolées du sang sont injectées dans la métastase, de même qu'une substance (un adjuvant) qui active ces cellules. Nous espérions ainsi donner au système immunitaire le "coup de fouet" nécessaire pour pouvoir ensuite éliminer les cellules cancéreuses à l'aide de l'immunothérapie "standard" (qui fait déjà partie de notre traitement standard, mais qui s'est avérée insuffisante chez ces patients).»
Lors de la pandémie, quatre patients atteints d'un cancer sur dix ont vu leur diagnostic retardé, et un sur dix avec de graves répercussions sur le degré d'extension de sa maladie, ressort-il des résultats d'une enquête en ligne réalisée auprès de 500 patients atteints d'un cancer ou en rémission par le magazine digital «My Health, My Life»(1).
La Fondation Registre du Cancer a monitoré le nombre de patients diagnostiqués durant les deux premières années de crise sanitaire. Elle estime qu’il y a 2.700 diagnostics de cancer non posés. «Le nombre de nouveaux diagnostics de cancer continue d'augmenter chaque année», explique le Pr Lionel D’Hondt, Chef du Service d’Oncologie au CHU UCL Namur, site Godinne. De plus, presque 9 patients interrogés sur 10 (89,4%) estiment que la pandémie a eu un impact sur leur qualité de vie. Les répercussions sont multiples: détresse émotionnelle (38,8%), dépression (37,2%), douleurs physiques par manque de traitement (31,8%), symptômes plus virulents par manque de prise en charge (31,2%) et solitude (28,4%). Plus encore, 66,2% des répondants ont constaté une diminution de la qualité des soins prodigués.
Même si l’arrivée de la Covid-19 n’a pas facilité la vie des malades, l’impact du cancer sur leur vie de tous les jours était évidemment préexistant à la pandémie. En effet, 39,8% déclarent avoir déjà fait l’objet de rejet ou de discrimination directement lié à leur maladie, 1 sur trois (34,6%) de la part des institutions (banques, assurances…) et près de 1 sur 3 (32,2%) de la part de collègues et/ou supérieurs. Et ce n’est pas tout, près de sept patients sur dix (69,6%) disent que leur diagnostic a eu un impact sur leurs finances: 45,8% à cause des frais d’hôpitaux pas entièrement remboursés (dont 50,6% pour la partie francophone et 41,1% pour la partie néerlandophone), 40,6% pour un taux d’assurance trop élevé, 39% pour des frais de médicaments non couverts ou seulement partiellement.
«Il existe un besoin évident d'une approche plus holistique des problèmes des patients atteints de cancer», dit Stefan Gijssels, Président du Patient Expert Center. «Pour la plupart des patients atteints de cancer, il y a un impact sur le plan financier, auquel s'ajoutent des situations de rejet, voire de discrimination, des problèmes d'isolement et d'incompréhension, ainsi que des difficultés à parler des problèmes sexuels. Dans 60% des cas, il n'y a même pas d'approche interdisciplinaire de la part de l'hôpital. Les associations spécialisées de patients pourraient jouer un rôle complémentaire important à cet égard».
(1)Source: https://www.myhealthmylife.be
Lors de l’ablation d’un mélanome, quand la tumeur atteint une certaine épaisseur, le ganglion lymphatique qui en est le plus proche (appelé ganglion sentinelle) est également enlevé. L’objectif est de l’analyser au microscope afin de déterminer si des cellules cancéreuses y ont migré. Si c’est le cas, le risque que des cellules cancéreuses se soient davantage répandues ailleurs dans l’organisme n’est pas négligeable. C’est pourquoi un traitement adjuvant avec le nivolumab est prescrit durant 1 an, afin de limiter le risque de récidive ou de métastases.
Les patients atteints d’un mélanome avec métastases dans les poumons, le foie, les intestins, la glande surrénale ou le cerveau peuvent également prendre un traitement adjuvant, à condition que le chirurgien puisse ôter complètement toutes les métastases visibles au scanner. «Après la résection des ganglions lymphatiques locaux et des métastases, si un nouvel examen d’imagerie médicale ne montre plus de tumeur, le patient pourra alors recevoir le nivolumab pendant 1 an. Nous savons bien que la maladie reste, à l’échelle microscopique, cachée dans le corps et risque fort de réapparaître dans les semaines, mois ou années qui suivent. Le traitement par nivolumab réduit ce risque», explique le Pr Bart Neyns, chef du service d’Oncologie de l’UZ Brussel.
«Entre ces deux situations plusieurs autres cas de figure sont possibles. Des métastases peuvent, par exemple, être présentes à moins de 2 cm de la tumeur initiale (nodules métastatiques satellites) ou entre la tumeur initiale et le ganglion sentinelle (nodules métastatiques en transit). «Systématiquement dans ces cas, si le chirurgien parvient à enlever toutes les métastases et que plus rien n’apparaît à l’examen de contrôle, le nivolumab peut également être administré pendant 1 an à titre préventif, afin d’éviter d’éventuelles récidives», ajoute le professeur.
Le nivolumab est autorisé comme traitement adjuvant pour les personnes atteintes d’un mélanome depuis fin 2018. Une étude à grande échelle indique que celui-ci offre une meilleure protection contre une récidive qu’un traitement adjuvant avec l’ipilumumab. De plus, le nivolumab présente moins de risques d’effets secondaires dangereux. «Dans cette étude, le traitement est administré pendant 1 an, à condition que le patient supporte bien le traitement et que la maladie ne réapparaisse pas pendant celui-ci», précise le Pr Neyns. En règle générale, le traitement adjuvant avec le nivolumab est démarré dans un délai de 12 semaines après l’intervention chirurgicale.
«Plus le stade est précoce, plus le risque de récidive est faible. Proportionnellement, le risque de récidive a diminué de près de la moitié avec le nivolumab en traitement adjuvant de 1 an.»
Les effets secondaires du nivolumab sont imprévisibles et non limités dans le temps, si bien qu’ils peuvent ne pas être détectés et rester non traités. «Néanmoins, moyennant une reconnaissance à temps et un traitement adéquat par un médecin spécialiste, le traitement avec le nivolumab est un traitement sûr», rassure le Pr Neyns. «À mon initiative, le producteur en Belgique a lancé une étude observationnelle à laquelle tous les patients qui ont reçu du nivolumab peuvent participer. C’est important pour élargir notre connaissance du traitement sur base des expériences et des résultats.»
Article écrit par le Dr Michelle Cooreman et Alicia Alongi, journaliste médicale, en collaboration avec le Pr Bart Neyns, chef du service d’Oncologie médicale à l’UZ Brussel et le Dr Patrick De Moor.
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Dr Annemie Rutten, Chef de service Oncologie médicale, GZA
Dr Nathalie Rooseleer, Dermatologue bénévole au sein de la Task Force d’Euromelanoma Belgique
Jan Gutermuth, chef de service de Dermatologie, UZ Brussel
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