«C’est mon dermatologue qui m’a montré une tache suspecte. Je le vois chaque année pour un contrôle, car j’ai plusieurs facteurs de risque de développement d’un mélanome. Ma mère a eu un mélanome et j’ai moi-même de nombreux grains de beauté. Je vérifie ma peau soigneusement, mais je n’avais pas remarqué cette tache. Elle se trouvait à un endroit peu visible: sur l’omoplate, et était en plus dissimulée sous la bretelle de mon soutien-gorge. Mais même si j’avais vu cette tache, je n’aurais pas pensé qu’il aurait pu s’agir d’un mélanome. Contrairement à la plupart des mélanomes, il n’était pas brun, mais sans aucun pigment. Mon dermatologue m’a expliqué qu’il s’agit d’une forme rare.»
«Comme ma mère a eu un mélanome, je savais qu’il existait un risque que je développe moi aussi un mélanome. Malgré tout, le diagnostic m’a fait l’effet d’une gifle. Heureusement, il s’agissait d’un petit mélanome et il n’y avait pas de métastases. Même si je suis déclarée guérie, le mélanome a laissé des traces: j’ai une cicatrice d’un bon huit centimètres, et je dois me soumettre à des contrôles réguliers.. Mais je me rends compte que je n’ai pas à me plaindre: la tumeur aurait pu être beaucoup plus grande si je n’avais pas été prise en charge si tôt. D’où l’importance de se faire contrôler régulièrement si, comme moi, vous êtes une personne à risque. Même si vous examinez votre peau régulièrement, il peut y avoir des taches potentiellement dangereuses qui échappent à votre attention. Le dermatologue, lui, a l’expérience du dépistage des mélanomes, y compris des formes rares.»
«À cause de la pandémie, le nombre de cancers cutanés diagnostiqués (c’est le cas pour tous les autres cancers) a baissé, comme l’avait déjà constaté la Fondation Registre du Cancer(2) après la première vague de Covid-19. Faute de dépistage. Par rapport à une année normale en ce qui concerne les consultations dermatologiques, un mélanome sur cinq n’a pas été diagnostiqué et un tiers des rendez-vous a été manqué. Nombreux sont les patients qui ont retardé leur contrôle annuel ou qui n’ont pas consulté en cas de grain de beauté suspect/modifié. Or, la précocité du diagnostic augmente fortement, en cas de mélanome malin, le taux de guérison, comme pour les autres cancers.»
«L’an dernier, et en 2021, nous n’avons pas pu l’organiser de façon traditionnelle. Nous avons cette année demandé au grand public de poster sur Instagram/Facebook de petites vidéos(3): chacun peut expliquer comment il se protège du soleil et est averti des dangers des UV. Le slogan 2021 est: "Votre passé décide de votre futur" et évoque tous les facteurs de risque (expositions solaires en vacances mais aussi en jardinant, en faisant du sport, en travaillant à l’extérieur, etc.). N’oublions pas les coups de soleil subis par la peau depuis l’enfance. La peau a, en effet, une "mémoire" et les effets nocifs des UV sont cumulatifs. Il y a un moment où les dégâts encourus par l’ADN cutané ne se réparent plus et cela donne naissance à un cancer cutané: un mélanome, parfois très agressif et pouvant métastaser, mais aussi un carcinome basocellulaire ou spinocellulaire qui peut défigurer, etc.»
«Les personnes avec une carnation claire, les blonds et les roux, mais on voit de plus en plus de peaux métissées à risque aussi. En effet, il y a des personnes avec des cheveux foncés mais des peaux claires, sensibles au soleil. Ceux-celles qui ont eu des coups de soleil pendant l’enfance. Le facteur héréditaire peut bien entendu jouer un rôle, surtout au premier degré, le fait d’avoir plus de 50 grains de beauté, les séances de banc solaire et parfois la prise d’immunosuppresseurs.»
«La priorité est de rester à l’ombre. Si ce n’est pas possible: appliquez une couche de crème solaire (galénique au choix) toutes les deux heures (SPF50+ de préférence; SPF30+ pour les peaux moins claires) et après chaque baignade. Des protections solaires spécifiques existent pour les enfants. Évitez les activités, loisirs, sport, travail en extérieur de 12 à 16h00. Le port de vêtements à manches longues est recommandé, tout comme celui d’un chapeau à large bord (protection des oreilles, zone sensible) et de lunettes.»
«Tous les ans pour un dépistage, mais aussi dès qu’un grain de beauté est suspect: règle ABCDE (asymétrie, bord, couleur, diamètre, évolutivité). Pratiquez l’auto-examen à l’aide d’un miroir tous les mois. Ne pas oublier la plante des pieds! Consultez le site web www.euromelanoma.org pour toutes les infos pratiques.»
Par Barbara Simon, journaliste santé
(1)www.euromelanoma.org – Enquête mondiale auprès de 734 dermatologues entre novembre et décembre 2020. Par rapport à une année normale en ce qui concerne les examens dermatologiques, les dermatologues estiment que 21% des mélanomes ne sont probablement pas diagnostiqués et que 33,6% des rendez-vous sont manqués à cause de la pandémie.
(2)https://kankerregister.org
(3)Capsules-vidéo:
«Un mélanome désigne une tumeur maligne qui apparaît dans les cellules pigmentaires de la peau. Ces mélanocytes peuvent devenir malins en raison d’anomalies du matériel génétique, appelées mutations. Les trois mutations les plus fréquentes du mélanome apparaissent entre autres sur les gènes BRAF, NRAS et c-KIT. Si des mutations ou anomalies apparaissent sur ces gènes en particulier, la transmission de signaux spécifiques dans la cellule ne fonctionne plus, et la cellule se met à croître de façon désordonnée. C’est comme un interrupteur qui peut être allumé ou éteint lorsque la cellule fonctionne normalement, mais qui reste enclenché en permanence à cause de cette mutation.»
«En cas de suspicion de mélanome, le médecin retirera la tache cutanée. Une fois le mélanome confirmé, un échantillon de la tumeur sera envoyé au laboratoire, où les pathologistes effectueront différentes analyses afin de détecter l’éventuelle présence de mutations. Ces tests peuvent durer plusieurs jours à plusieurs semaines. Pour le patient, l’attente du résultat s’avère très pénible, mais c’est la seule façon de parvenir à un traitement adéquat.»
«Si cela est possible, le mélanome est tout d’abord retiré au moyen d’une intervention chirurgicale. Cependant, si le mélanome est trop étendu, un traitement médicamenteux est également administré. C’est notamment le cas si, lors du diagnostic de mélanome, la présence de cellules cancéreuses est décelée dans des glandes situées à proximité. Dans ce cas, l’intervention chirurgicale est associée à un traitement complémentaire, car le risque de rechute est trop élevé. L’immunothérapie est privilégiée chez les patients sans mutation spécifique. Quant aux patients porteurs de la mutation BRAF, une deuxième méthode de traitement est possible, à savoir la thérapie ciblée. Une intervention chirurgicale complémentaire et une radiothérapie sont également envisageables.»
«Il y a dix ans, le pronostic des patients atteints de mélanome était nettement moins favorable. Au cours des dernières années, ces mutations ont fait l’objet de nombreuses études, et des pistes potentielles ont été examinées pour le traitement complémentaire de ces patients. Aujourd’hui, ces progrès se traduisent par l’utilisation de thérapies ciblées et d’immunothérapies. En règle générale, les possibilités de traitement sont abordées avec le patient, même si parfois, une option s’avère plus indiquée qu’une autre, souvent en raison du confort qu’elle procure au patient. Grâce à tous ces éléments, les patients atteints de mélanome se portent mieux que jamais.»
BE2205309674 – 30/05/2022
«Je voudrais d’abord souligner le fait qu’il y a toujours eu des mélanomes, mais il est vrai que les médecins constatent chaque année une augmentation du nombre de mélanomes enregistrés dans le monde. Il y a plusieurs explications possibles à cette augmentation, mais la seule dont nous soyons sûrs, c’est que nous sommes davantage exposés au rayonnement UV, provenant du soleil. Cette exposition accrue s’explique par l’augmentation des temps de loisirs: vacances de type plage-mer-soleil, excursions d'une journée destinées à prendre le soleil, etc. Par ailleurs, les gens vivent plus vieux: ils sont donc exposés plus longtemps aux rayonnements UV.»
«Pour protéger notre peau des rayons UV, les cellules pigmentaires de notre peau fabriquent le pigment mélanine, qui permet à la peau de bronzer. En d’autres termes, la couleur brune, si esthétiquement prisée, constitue en premier lieu une protection contre les effets délétères des rayonnements UV. Toutefois, lorsque les rayons UV et plus particulièrement les rayons UV B deviennent trop puissants, la peau brûle et rougit – un signal d’alarme clair envoyé par les cellules cutanées. Plus la peau subit de brûlures fréquentes, plus les lésions sont importantes et plus le risque est grand que les cellules cutanées ne puissent plus réparer les lésions subies. À long terme, cela peut conduire à une altération de l’ADN ou du matériel génétique. Mais attention: des études récentes ont montré que les rayons UV A, qui provoquent le vieillissement de notre peau, interviennent également dans le développement des mélanomes. Achetez donc de préférence une crème solaire qui assure une protection à la fois contre les UV B et les UV A.»
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Dr Annemie Rutten, Chef de service Oncologie médicale, GZA
Dr Nathalie Rooseleer, Dermatologue bénévole au sein de la Task Force d’Euromelanoma Belgique
Jan Gutermuth, chef de service de Dermatologie, UZ Brussel
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