Si le dermatologue pense que le grain de beauté suspect pourrait être un mélanome, il va essayer directement de retirer toute la partie de la peau où se situe le mélanome. La procédure est appelée «exérèse diagnostique» car l’exérèse a pour but à la fois de retirer la tumeur mais aussi, après examen, de poser le diagnostic. Cette opération se déroule sous anesthésie locale. Ensuite, il envoie le fragment de peau chez l’anatomopathologiste pour analyse. Toute destruction d’un grain de beauté (suspect ou pas), par exemple par laser, est formellement interdite car aucune analyse ne sera possible. L’ablation partielle de la lésion, soit en «décapitant» celle-ci puis en brûlant la base (technique de «shave-coagulation»), soit en réalisant une biopsie partielle, doit, dans la mesure du possible, être évitée. Ces techniques sont parfois, mais c’est rare, inévitables.
Si, après analyse, l’anatomopathologiste diagnostique un mélanome, des marges de sécurité plus importantes autour du mélanome doivent être prévues à la fois en largeur et en profondeur.
Pourquoi ne pas l’avoir fait directement lors de l’exérèse diagnostique? Avant d’enlever un grain de beauté et la peau qui l’entoure, le dermatologue veut avoir la certitude qu’il s’agit vraiment d’un mélanome, et non d’un grain de beauté atypique ou d’une verrue légèrement pigmentée. D’autre part, les marges ne peuvent pas être devinées à l’avance. La marge est la distance entre la tumeur et le bord du tissu prélevé sans cellules cancéreuses.
Enfin, si le ganglion sentinelle doit être enlevé par la suite, l’excision large est un handicap si elle a été réalisée d’emblée.
Les marges de l’exérèse dépendent de l’épaisseur du mélanome. En cas de mélanome in situ, les marges sont de 0,5 cm. Au-delà du mélanome in situ, l’épaisseur est mesurée grâce à l’indice de Breslow. Si celui-ci est inférieur ou égal à 2 mm, 1 cm de marge suffit. Sinon, les marges doivent être de 2 cm.
L’exérèse chirurgicale peut donner lieu à une plaie assez étendue, impossible à suturer. Pour la refermer, le chirurgien réalise alors une greffe ou un lambeau. Cela signifie qu’il va prélever un morceau de peau sur une autre partie du corps afin de pouvoir fermer la plaie.
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Dr Annemie Rutten, Chef de service Oncologie médicale, GZA
Dr Nathalie Rooseleer, Dermatologue bénévole au sein de la Task Force d’Euromelanoma Belgique
Jan Gutermuth, chef de service de Dermatologie, UZ Brussel
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