Il a été montré qu’en Australie, premier pays à implémenter la vaccination, les lésions précancéreuses avaient diminué chez les patientes trois ans après le début de la vaccination. Cette observation est issue d’une étude épidémiologique réalisée par les laboratoires d’anatomopathologiques, et pas par les firmes pharmaceutiques. Après les nombreuses polémiques, on a donc désormais la preuve que le vaccin contre le cancer du col de l'utérus est efficace à l’échelle d’une population.
Dans la tranche d’âge premièrement concernée, c’est-à-dire entre 12 et 18 ans, on est à 70% de couverture, ce qui est déjà bien.
Tout à fait, car le vaccin ne protège pas contre toutes les souches de HPV. Malheureusement, en Belgique, seules 60% des femmes se soumettent régulièrement à un frottis... Il faut dire que dans notre pays, on ne va pas chercher les gens, contrairement à ce qui se fait en Scandinavie. En Finlande, 85% des femmes ont un dépistage par frottis tous les cinq ans, ce qui en fait le pays qui a le taux le plus bas de cancers du col de l’utérus.
«Le cancer du col a tendance à se propager en premier lieu aux tissus et organes voisins du col, parmi lesquels le vagin, l’utérus, la vessie, le rectum… Ensuite, il atteint souvent les ganglions lymphatiques situés dans la région du col. Enfin, des métastases peuvent se former dans les ganglions situés à distance et dans d’autres organes : les poumons sont les plus fréquemment touchés, mais tous les organes et tissus peuvent aussi être le siège de métastases (foie, os, péritoine…).»
«Tout dépend du stade de la propagation. Dans le cas de métastases ganglionnaires dans la région du col, on peut envisager de la radiothérapie, précédée ou non de chirurgie (si le ganglion est très localisé). Dans le cas où les métastases sont situées à distance, comme dans les poumons ou ailleurs, la chimiothérapie est une option. Depuis peu, elle peut être utilisée en combinaison avec un traitement ciblé à base d’un anticorps monoclonal appelé bevacizumab (un médicament qui entrave la fabrication de nouveaux vaisseaux au sein de la tumeur et donc, sa croissance).»
«La chimiothérapie associée au bevacizumab montre tout d’abord un bénéfice en termes de survie globale. Le taux de réponse est également plus important, ce qui signifie que le traitement va agir plus efficacement sur des masses tumorales importantes, gênantes ou douloureuses. Ensuite, les bénéfices touchent différents sous-groupes de patients, même ceux qui avaient reçu une radiothérapie alors que cette dernière rend généralement les patients plus résistants à d’autres traitements. Enfin, comme ce médicament est utilisé depuis longtemps dans le traitement d’autres pathologies, ses effets secondaires sont bien connus et peuvent être efficacement pris en charge.»
«Quand un cancer au stade métastatique récidive une seconde fois, les options de traitement sont malheureusement plus limitées. À ce stade, on inclut plutôt les patientes qui le peuvent et le souhaitent dans des études cliniques qui testent de nouveaux traitements, comme l’immunothérapie, par exemple. L’immunothérapie est une option prometteuse: les cancers liés à un virus – comme le cancer du col qui, dans 95% des cas, est lié au virus HPV – ont un bon potentiel de réponse à ce traitement. Mais pour le moment, nous n’en sommes encore qu’au stade des études cliniques.»
«Le choix du traitement dépend de plusieurs paramètres: l’âge du patient, son état général, la présence d’éventuelles comorbidités (problèmes cardiaques, par exemple), le degré d’autonomie du patient, ses capacités cognitives… La plupart des patients peuvent toutefois suivre une chimiothérapie. Pour les études cliniques, les critères d’inclusion sont très stricts: l’état général de la patiente doit être correct, de même que ses bilans sanguins, ses fonctions rénale et hépatique.»
Article réalisé par Kathleen Mentrop, journaliste médicale. Publié le 22 décembre 2017.
«Depuis longtemps, ma gynécologue me fait régulièrement un frottis: simple routine! Une fois sortie du cabinet, je n’y songeais même plus... Quelle n’a pas été ma surprise d’apprendre il y a deux ans qu’on avait décelé chez moi de petites lésions précancéreuses... Avec une vie sexuelle on ne peut plus stable, comment cela était-il possible? Ma gynécologue m’a alors expliqué que le HPV est un virus qui met parfois de longues années avant de provoquer ses premières lésions... Même si, le plus souvent, les lésions surviennent après l'infection.»
«Après un examen par colposcopie, ma gynécologue a décidé de procéder à une conisation. Cette intervention a permis d’enlever seulement une toute petite partie de mon utérus, sous anesthésie locale. L’analyse microscopique a livré des résultats rassurants. J’étais tirée d’affaire et j’ai repris le travail deux jours après l’intervention. Je sais que, sans le frottis, les lésions auraient sans doute évolué progressivement en cancer. J’aurais peut-être dû subir une hystérectomie, un drame pour moi qui voulait un deuxième enfant. Grâce à la conisation, je suis aujourd’hui en bonne santé... et enceinte. Et si c’est une fille, je lui vanterai les mérites de la vaccination et du frottis!»
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Lire la suiteDr Christine Gennigens, oncologue médicale au CHU de Liège.
Pr Philippe Simon, chef du service de gynécologie à l’Hôpital Érasme
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