Le psoriasis est une maladie cutanée très invalidante mais pas mortelle. Cela explique que, dès le début de la pandémie de coronavirus, les patients et les médecins se soient inquiétés du bénéfice-risque des traitements du psoriasis face à un risque de COVID-19.
Les données sont maintenant assez nombreuses pour apporter des réponses qui sont rassurantes. Les traitements locaux du psoriasis (pommades) ne posent pas de problème face au risque d’infection par le SARS-CoV-2. La puvathérapie (les ultraviolets) non plus, mais les centres de puvathérapie sont parfois fermés au moment des pics de contaminations car ils nécessitent des contacts rapprochés.
Pendant plusieurs mois, les médecins ont manqué de recul sur les traitements systémiques (immunomodulateurs immunosuppresseurs comme le méthotrexate, la ciclosporine, et biothérapies) pour décider s’il fallait arrêter ces traitements contre le psoriasis. De plus en plus d’informations, provenant notamment d’Italie et des États-Unis, montrent que les personnes traitées avec des immunomodulateurs immunosuppresseurs et biothérapies n’ont pas plus de risque de contracter le virus SARS-CoV-2 et ne développent pas de formes plus dangereuses de la maladie. Ainsi les personnes prenant ce type de médications depuis un certain temps n’ont pas à arrêter leur traitement.
Rappelons que les traitements contre le psoriasis doivent être pris de manière continue sinon il y a un risque de rechute, ce qui est un réel souci en cas de psoriasis articulaire, une poussée abimant l’articulation de manière définitive.
Par prudence, les médecins sur recommandations des sociétés de dermatologie belge et française, en lien avec l'Académie américaine de dermatologie, préfèrent en revanche ne pas initier les traitements les plus immunosuppresseurs (ciclosporine, anti-TNF) car leur effet sur le système immunitaire est plus fort lors des premières semaines de traitement (jusqu’à 2-3 mois après le début).
Les traitements systémiques contre le psoriasis doivent être interrompus seulement le temps de l’infection à coronavirus, de la même façon qu’ils sont suspendus lors d’autres infections comme une pneumonie sévère. Si pendant ce temps de pause vous avez des plaques qui apparaissent vous pouvez vous soigner avec des topiques (pommades) pour éviter les rechutes très importantes.
À savoir: la réduction de dose n’a pas d’intérêt en général, ne les diminuez donc pas de votre propre initiative. Si vous avez le moindre doute ou la moindre question sur vos traitements contre le psoriasis en cette période sanitaire particulière, n’hésitez pas à appeler votre médecin traitant ou votre dermatologue.
Remerciements au Dr Pierre-Dominique Ghislain, dermatologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc.
Les biothérapies ou traitements biologiques sont des substances produites à partir d’une cellule ou d’un organisme vivant. La majorité de ces biothérapies sont des anticorps monoclonaux.
Dans le domaine du psoriasis, les anticorps monoclonaux qui agissent sur les cellules immunitaires impliquées dans le développement de la maladie sont indiqués en cas de psoriasis modéré à sévère en cas d’échec, d’intolérance ou de contre-indications aux autres traitements systémiques (photothérapie UVA/UVB, méthotrexate, ciclosporine).
En plus des anticorps monoclonaux anti-TNF alpha et des anticorps monoclonaux anti-interleukine ciblant les IL12/IL23 et IL17, il existe aujourd’hui une nouvelle classe d’anticorps monoclonaux anti-interleukine plus spécifiques: les anti IL23.
Les anticorps monoclonaux anti-IL23 ciblent les interleukines 23 (IL23) qui ont un rôle majeur dans la pathogénèse du psoriasis. Ils agissent en amont dans la cascade inflammatoire du psoriasis en empêchant l’activation des lymphocytes Th17. Leurs avantages? Contrairement aux anti-IL17 qui ont une efficacité d’action qui se manifeste rapidement, les anti-IL23 ont pour caractéristique commune de maintenir leur efficacité sur le long terme.
Cette nouvelle classe d’anticorps monoclonaux a un autre atout: des intervalles entre les injections sous-cutanées plus longs que pour les premières biothérapies. Trois molécules anti-IL23 sont disponibles en Belgique : guselkumab, risankizumab et tildrakizumab.
De nombreuses publications ont montré que la voie immunitaire responsable de l’inflammation dans le psoriasis n’est pas impliquée dans la pathogenèse de la COVID-19. En conséquence, le traitement du psoriasis par un anti-IL23 n’augmente ni le risque de contracter la COVID-19 ni le risque de complications infectieuses. D’ailleurs, les Sociétés belges et internationales de dermatologie ne recommandent pas d’arrêter les anti-IL23 et ne déconseillent pas de commencer un tel traitement en cette période de pandémie, pour autant qu’il n’y ait pas de suspicion ou confirmation de la COVID ou autre infection aigue.
Société Royale Belge de Dermatologie et Vénérologie https://www.belgiandermatology.be/fr/announcements/position-statement-immonusuppressants International Psoriasis Council. 2020, https://www.psoriasiscouncil.org/blog/Statement-on-COVID-19-and-Psoriasis.htm International League of Dermatological Societies. 2020, https://ilds.org/covid-19/guidance-psoriasis-atopic-dermatitis/
La télémédecine est une pratique médicale qui utilise les technologies de l’information et de la communication (ordinateur, tablette, téléphone multimédia, réseau 3G, internet...) pour permettre la réalisation d’actes médicaux.
Il existe deux principales modalités:
La dermatologie est une spécialité qui s’y prête particulièrement bien du fait de l’importance de l’examen visuel.
Dans le domaine de la dermatologie, la télé-expertise n’est pas une nouveauté. Les médecins généralistes ont l’habitude d’envoyer des photographies de leurs patients aux dermatologues pour avis. Jusqu’à maintenant, cela était fait de façon informelle sans cadre médico-légal. Aujourd’hui la télédermatologie se professionnalise. Un cadre réglementaire est en construction. Se posent des questions sur la sécurisation des données, les aspects techniques, le remboursement, la qualité des photos...
La téléconsultation ne peut pas remplacer les consultations dermatologiques, mais elle est utile pour la prise en charge par le dermatologue d’un patient déjà suivi dont les antécédents médicaux sont connus. Elle a, par exemple, un intérêt pour le suivi d’une cicatrisation après une intervention chirurgicale ou pour un suivi de maladies chroniques comme le psoriasis. Cela permet un gain de temps pour le patient qui n’a pas besoin de se déplacer et pour le médecin.
C’est surtout la télé-expertise qui représente un réel avantage. Pourquoi? Les dermatologues sont peu nombreux et les délais d’attente importants. Cela peut représenter une perte de temps pour les patients. Un exemple: une personne présente un grain de beauté suspect. Son médecin traitant ou un spécialiste qui la suit peut adresser une photo à un dermatologue via la télé-expertise et avoir immédiatement un avis. S’il s’agit d’un mélanome, le patient peut être traité plus rapidement.
La télé-expertise est également un avantage pour conseiller à distance des professionnels de santé qui font face à des escarres ou à des problèmes dermatologiques classiques comme un eczéma dû au stress. Le dermatologue peut non seulement faire un diagnostic à distance mais aussi donner des directives pour soigner. Les médecins apprennent. La télé-expertise sert ainsi comme e-learning.
L’INAMI soutient le développement de la télédermatologie pour toutes ces raisons. Un projet pilote démarre en décembre 2020 dans 10 provinces. 2.000 télé-expertises organisées entre 400 médecins généralistes et une trentaine de dermatologues seront étudiées pendant douze mois.
L’objectif de ce projet est de savoir si la télé-expertise en dermatologie peut être étendue à toute la Belgique et dans d’autres domaines médicaux.
Merci au Docteur K.A.M Roegies, dermatologue à Tournai Pour en savoir plus sur le projet pilote: https://www.inami.fgov.be/fr/professionnels/sante/medecins/soins/Pages/tele-expertise-projet-pilote-dermatologie.aspx Écrit par Anne-Sophie Glover-Bondeau, journaliste santé.
Il existe différentes formes de psoriasis, dont les plus fréquentes sont le psoriasis en plaques et l’arthrite psoriasique. Le psoriasis en plaques est caractérisé par d’épaisses taches rouges (érythémateuse) et blanchâtres (squameuse) sur la peau. Dans des cas plus rares, les lésions se présentent sous la forme de pustules (psoriasis pustuleux). Des atteintes peuvent parfois se produire au niveau des ongles (psoriasis unguéal), qui présentent alors des petites dépressions et se décollent en feuillets ou s’épaississent. Des douleurs ou un épaississement peuvent aussi apparaître au niveau des articulations. On parle dans ce cas d’arthrite psoriasique.
Chez de très nombreux patients, le psoriasis s’étend aussi au cuir chevelu. Une mousse, un gel et un shampoing à la cortisone permettent de lutter contre l’irritation et les squames en flocons. Le patient choisit une de ces formules en fonction de ses préférences et de son confort. Le shampoing est plus facile d’emploi pour les personnes qui ont les cheveux longs. Il faut laisser agir le produit un peu plus longtemps sur le cuir chevelu pour que l’effet dure aussi plus longtemps. Chez certaines personnes, le gel sera plus efficace.
Comme les patients sont désireux de trouver le meilleur traitement pour leur maladie, ils consultent souvent plusieurs médecins dans l’espoir de trouver une solution à long terme. La PLV adresse les patients à PsoPlus, un département de l’Universitair Ziekenhuis Gent. Le Pr Jo Lambert y organise une consultation spécialisée pour les personnes atteintes de psoriasis. Pendant la consultation, qui dure une heure, médecin et patient établissent ensemble un plan d’action en tenant compte des desiderata du patient. Un entretien avec un psychologue est aussi prévu.
Il existe quatre types de thérapie: les traitements locaux (pommade, crème, lotion...), la luminothérapie, les médicaments immunonosuppresseurs (méthotrexate-ciclosporine) et dérivés de la vitamine A (les rétinoïdes) et les biothérapies (protéines thérapeutiques comme les anticorps). Lors du diagnostic de la maladie, on recourt d’abord aux traitements locaux, puis aux autres types de thérapie, en fonction de l’évolution de la maladie. Même si cela suscite parfois des questions, c’est l’ordre de succession logique du traitement. Certains médicaments peuvent aussi avoir des effets secondaires ou susciter des questions. C’est ainsi que le méthotrexate n’est pas seulement utilisé en cas de maladies inflammatoires, comme le psoriasis, mais aussi en cas de cancer. Cela peut être une source d’inquiétude – inutile - chez les patients.
Comme pour tout un chacun, une alimentation saine est importante pour une personne atteinte de psoriasis: beaucoup de légumes, de protéines et un nombre limité de glucides. La prise de compléments alimentaires n’est pas nécessaire. Mangez avec modération et limitez les plats épicés et l’alcool.
La Psoriasis Liga Vlaanderen organise régulièrement des séances d’information sur les différentes formes de psoriasis. Vous y avez la possibilité de parler avec d’autres patients. De plus, la PLV édite chaque trimestre le magazine PSORIANT, dans lequel des patients partagent leur histoire et leur expérience. Ce qui permet de soutenir le patient de façon informelle et non médicale.
Pour les patients d’autres régions du pays, n’hésitez pas à vous référer aux sites des associations Psoriasis Contact et Gypso, pour plus de renseignements sur les différentes activités organisées pour les patients.
Article rédigé par Sandra Gasten, journaliste santé.
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