La connaissance de la translocation ALK dans les cancers bronchiques remonte à 2007 et la première thérapie ciblée est arrivée en clinique cinq ans plus tard. Parmi les traitements actuellement disponibles en Belgique, nous dénombrons cinq thérapies ciblées par voie orale. Le traitement de 1re génération (crizotinib) n’est quasiment plus utilisé. Aujourd’hui, le choix du pneumo-oncologue en Belgique se portera classiquement sur une thérapie ciblée (inhibiteurs de la tyrosine kinase) de 2e génération. L’alectinib et le brigatinib sont, chez nous, les plus prescrits. Il existe une troisième molécule (ceritinib) disponible après progression sous crizonitib. En cas de progression avec ces molécules de 2e génération, il est conseillé de faire une biopsie pour mieux choisir le traitement suivant et considérer l’option d’un traitement dit de 3e génération, le lorlatinib.
Bon à savoir: les thérapies ciblées de 2e génération sont des comprimés oraux (8/jour pour l’alectinib et 1/jour pour le brigatinib) avec des profils de toxicité différents et donc des effets secondaires distincts. L’alectinib présente entre autres une toxicité hépatique et digestive alors que pour le brigatinib, il y a une toxicité pulmonaire qui peut survenir dès le début du traitement et qui peut être gérée avec un démarrage avec des doses plus faibles. On recense aussi des problèmes visuels. Ces thérapies ciblées permettent une meilleure compliance mais surtout une qualité de vie plus élevée par rapport à une chimiothérapie conventionnelle. En cas d’échec des traitements ciblés, il convient de recommander une chimiothérapie classique. Compte tenu de l’efficacité relative et du profil de toxicité, il est préférable de commencer par le traitement ciblé.
Différents mécanismes de résistance aux traitements ciblés ont été documentés dont des mutations secondaires. Dans certaines de ces situations, la tumeur ALK+ peut conserver une sensibilité à une autre molécule de 2e génération. Le problème en Belgique est que nous ne disposons pas de la possibilité de prescrire une autre molécule de 2e génération avant de passer à la thérapie ciblée de 3e génération avec le lorlatinib pour des questions de remboursement.
Plusieurs questions se posent dont la moindre sensibilité de ces tumeurs aux immunothérapies. Le choix d’administrer un tel traitement est à discuter au cas par cas en consultation multidisciplinaire. Parmi les grands défis, il reste bien entendu à mieux connaître les mécanismes de résistance. Tous ne sont pas identifiés. Reste aussi à savoir pourquoi il y a un petit pourcentage de patients qui connaissent des échecs primaires. Nous avons également besoin de nouvelles molécules. Certaines sont en investigation. Il faudra déterminer si l’administration conjointe d’un TKI (inhibiteur de la tyrosine kinase) avec de la chimiothérapie pourrait bénéficier à certains patients. Des études sont aussi en cours pour tester d’autres méthodes d’évaluation comme l’ADN tumoral circulant en adjonction aux imageries conventionnelles. L’avenir sera intéressant à plus d’un titre en vue d’augmenter la qualité de vie des patients et leur survie!
Remerciements au Pr Thierry Berghmans, Chef de Clinique - Clinique d’Oncologie Thoracique, Institut Jules Bordet/Bruxelles, et au Dr Mariana Brandao, Clinique d’Oncologie Thoracique, Institut Jules Bordet/Bruxelles.
En 2019, au retour de plusieurs années d’expatriation, Florence Duvieusart se sent très fatiguée. S’ensuivent des problèmes d’arythmie (rythme cardiaque anormal), de douleurs musculaires ainsi qu’une paralysie partielle du visage. Le diagnostic tombe: elle est atteinte d’un cancer du poumon ALK+. Depuis ce jour, sa maladie l’a contrainte à mettre en suspens ses activités de diplomate. Aujourd’hui, elle est à l’initiative de l’association de patients ALK Positive Belgium et plaide pour une plus grande sensibilisation et une meilleure prise en charge des patients atteints par ce cancer rare.
Florence Duvieusart a 52 ans et a travaillé en tant que diplomate pour le SPF Affaires étrangères jusqu’en 2019, moment où le diagnostic de sa maladie est tombé. Lors de son retour d’une expatriation de plusieurs années dans des contextes difficiles, elle s’est sentie très fatiguée. Médecins, hôpitaux mais aussi son entourage: tous pensaient que c’était dû au surmenage. S’en sont suivis des problèmes d’arythmie et une paralysie partielle du visage. Spécialistes, hôpitaux universitaires renommés: personne ne semblait trouver l’origine du problème. Il faut savoir que le dépistage reste compliqué et pas systématique, déjà chez les fumeurs et encore moins chez celles et ceux qui ne fument pas. «Rien n’indiquait que j’étais atteinte d’un cancer du poumon car je n’avais jamais fumé, j’étais en bonne santé et menais une vie saine.»
Depuis 2019, Florence Duvieusart est soignée au département oncologie médicale de l’hôpital Bordet. Son traitement provoque des effets secondaires lourds: fatigue, problèmes digestifs, troubles de concentration et de la mémoire, douleurs musculaires, œdèmes… Mais les progrès de la recherche sont en marche. Car, il y a encore 15 ans, aucun traitement ciblé pour le cancer du poumon ALK+ n’était disponible. À l’heure actuelle, trois générations de traitements existent et la recherche continue dans les laboratoires. Ces avancées permettent de gagner de précieuses années. «Je suis soutenue par ma fille, mon mari et mes proches: c’est un soutien inestimable», souligne-t-elle.
Florence Duvieusart est co-fondatrice de l’association ALK Positive Belgium. Les patients qui la composent cherchaient à rassembler les informations sur les traitements et les thérapies complémentaires. La Belgique comptant peu d’experts de cette forme rare du cancer du poumon, il est parfois difficile de trouver l’information adéquate. Le fait d’avoir désormais un groupe consolidé permet aux patients de partager leurs expériences avec un véritable soutien par les pairs et d’échanger autour de la maladie, ses difficultés et ses traitements. Un groupe Facebook privé (pour la protection de l’anonymat des patients) facilite cette prise de contact. «Notre association permet de donner du sens à nos parcours, de ne pas rester isolé. Récemment, nous avons d’ailleurs distribué de grands rubans blancs(1) auprès de nos médecins et oncologues afin de les remercier pour leur engagement, de lutter contre la stigmatisation liée au cancer du poumon et de sensibiliser le monde médical à la forme ALK+.»
«Il faut savoir que le cancer du poumon tue plus que ceux de la prostate, du sein et du colon réunis. Pourtant, c’est un cancer encore très stigmatisé. Or il suffit d’avoir deux poumons pour être à risque de ce cancer!» En Belgique, les membres de l’association plaident afin que le cancer du poumon ALK+ soit reconnu comme une maladie rare. Florence Duvieusart souhaiterait que la prise en charge de ce type de cancer rare se fasse de façon regroupée dans des centres qui traiteraient ainsi plus de patients et gagneraient en expertise, comme cela se fait aux Pays-Bas et comme cela est préconisé de façon générale pour les maladies rares. L’association ALK Positive Belgium distribue des brochures afin de mieux faire connaître cette maladie. «Novembre est le mois de la sensibilisation au cancer du poumon, alors nous espérons que votre article contribuera à mieux faire connaître la maladie et notre association.»
(1)Le White Ribbon Project est une initiative lancée aux Etats-Unis qui cherche à changer la perception qu’ont les gens du cancer du poumon, encore trop stigmatisé de nos jours.
Vivre avec un cancer du poumon ALK+?
Le cancer ALK+ est associé à des modifications génétiques non héréditaires. Il affecte souvent des personnes ayant moins de 50 ans quand elles sont diagnostiquées et qui n’ont jamais fumé.
Les causes de ce type de cancer sont encore méconnues.
Il existe cependant, des traitements spécifiques pour ce type de cancer, d’où l’importance d’y sensibiliser, de le faire connaître afin qu’il soit rapidement diagnostiqué…
Merci à l'association ALK Positive Belgium. ALK Positive Belgium est une organisation créée par des patients et leurs proches en 2020, qui a pour objectif de fournir un soutien, défendre les intérêts, et améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’un cancer du poumon ALK + en Belgique.
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Pr Dr Johan Vansteenkiste, oncologie respiratoire, UZ Gasthuisberg
Cancer de l'estomac
Covid-19
Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)
Maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI)
Mélanome
Oeil infecté, irrité ou sec
Soins de plaies
Syndrome du grêle court (SGC)