La marche atopique est le développement progressif de maladies qui sont associées à l’allergie (dermatite atopique, rhinite allergique, asthme, allergies alimentaires) chez une personne prédisposée, surtout chez l’enfant. Souvent la prédisposition est d’origine génétique associée à des gènes en rapport avec l’inflammation, le système de défense ou en rapport avec les barrières (comme la peau). Les enfants qui développent ce système de défense ont souvent un ou deux parent(s) qui ont de l’asthme ou une rhinite allergique. Ces enfants prédisposés se sensibilisent à l’environnement et développent des réponses inflammatoires de type 2, avec production des cytokines IL-4, IL-5 et IL-13.
Des études épidémiologiques récentes ont montré que seulement 15 à 20% des enfants allergiques ont des maladies atopiques qui surviennent de façon successive dans le temps. Ils commencent par une dermatite atopique, puis, compte tenu de l’atteinte de la barrière cutanée, ils se sensibilisent à différents allergènes à travers la peau et développent des allergies respiratoires: rhinite allergique, asthme. Cette chronologie n’est pas retrouvée chez les autres enfants. Ceux-ci peuvent débuter la marche atopique par de l’asthme ou développer d’autres symptômes.
Les enfants qui développent dans les premiers mois de vie un eczéma ont un risque plus important de présenter une allergie respiratoire, notamment un asthme. De la même façon, les jeunes enfants souffrant d’une allergie alimentaire (surtout allergies aux œufs, au lait et à l’arachide) ont un risque certain de développer une allergie respiratoire. La marche allergique s’exprime particulièrement au niveau des voies aériennes. Ainsi, le développement d’une rhinite allergique dans l’enfance, aux acariens, aux pollens de graminées ou d’arbres, constitue un risque important de développer de façon ultérieure un asthme.
Il n’existe aujourd’hui pas de moyen de prévention. De études avaient laissé espérer que le fait de restaurer la barrière cutanée le plus tôt possible avec des crèmes émollientes et des anti-inflammatoires pouvait empêcher les sensibilisations ultérieures à des allergènes. Mais des études à plus grande échelle ont montré que cela n’était pas le cas et que l’application d’émollients de façon systématique chez des nourrissons à risque d’eczéma n’avait pas d’effets sur la prévention de l’eczéma. Il faut cependant traiter de façon efficace pour éviter la chronicisation de la maladie et une forme plus sévère de celle-ci.
Remerciements au Pr Julien Seneschal, professeur de Dermatologie dans le service de Dermatologie de l'Adulte et de l'Enfant au CHU de Bordeaux.
Grâce à une nouvelle technologie implémentée par Sciensano, il est maintenant possible de suivre les taux de pollen en temps réel, une première en Belgique. L’application fournit en exclusivité ces mesures en temps réel pour les pollens les plus allergisants (bouleau et graminées) à Bruxelles. Les niveaux de pollen sont déterminés à partir des concentrations mesurées toutes les trois heures par un système automatisé. Les différents niveaux (nul, faible, modéré, élevé, très élevé) sont identifiés par un code couleur. Cela donne une idée de la situation actuelle du pollen dans l’air, qui dépend fortement des conditions météorologiques. Par exemple, les niveaux de pollen peuvent baisser de manière significative en raison de précipitations, ce qui peut faire passer le risque d’élevé à faible en l’espace de quelques heures. Actuellement, cette nouvelle méthode est en cours de développement et des résultats sont déjà disponibles pour le bouleau et les graminées. À terme, un système pleinement opérationnel sera également capable de détecter d’autres types de pollens.
De plus, l’application fournit des mesures quotidiennes au cours des 14 derniers jours de tous les types de pollens allergènes belges dans cinq stations: Baudour, Bruxelles, Le Coq, Genk et Marche-en-Famenne. Ces mesures permettent un suivi rétrospectif de l’évolution de la saison. Ces résultats sont basés sur la méthode manuelle au cours de laquelle les échantillons d’air sont analysés par microscopie optique.Les cartes de prévisions de l’ensemble de la Belgique, provenant du modèle de l’Institut Royal Météorologique (IRM), fournissent des informations sur le risque d’allergie pour les quatre prochains jours. Le risque est indiqué par différentes couleurs représentant les niveaux (nul, faible, modéré, élevé, très élevé). Ces cartes sont actuellement disponibles pour les bouleaux et les graminées. Le modèle est en cours de développement et sera éventuellement étendu à d’autres allergènes.
Enfin, l’application comprend une description de la situation pollinique actuelle, des conseils pour éviter les symptômes allergiques et des réponses aux questions fréquemment posées sur les allergies, la prévention et le changement climatique.
Source: https://www.sciensano.be/fr/coin-presse/decouvrez-la-nouvelle-application-airallergy
Les biothérapies sont des traitements dits «ciblés», qui visent spécifiquement des mécanismes d’action propres à la pathologie. Dans le cas de la dermatite atopique, le premier produit remboursé – depuis juin 2020 – est le dupilumab. Il s’agit d’un «anticorps monoclonal» qui va cibler et neutraliser deux messagers de l’inflammation particulièrement actifs dans la dermatite atopique: l’interleukine 4 (IL-4) et l’interleukine 13 (IL-13). Ce faisant, le dupilumab permet de bloquer la cascade inflammatoire qui mène à la formation de plaques d’eczéma. «Nous ne disposions pas encore de traitement de ce type pour la dermatite atopique en Belgique», commente le Dr Pierre-Dominique Ghislain, dermatologue aux Cliniques Universitaires Saint-Luc. «C’est une grande avancée pour les patients.»
Ce médicament est remboursé chez les adultes de plus de 18 ans atteints d’une forme de dermatite atopique sévère (très étendue et très intense) ayant résisté aux autres traitements disponibles et/ou lorsque ces traitements ont été mal tolérés par le patient. Le dupilumab est administré toutes les deux semaines par auto-injections sous-cutanées au niveau de la cuisse, du bras ou du ventre. «Ces auto-injections ne sont pas très douloureuses et faciles à réaliser», rassure le Dr Ghislain.
Le dupilumab permet de soulager les symptômes de la dermatite atopique, mais pas de guérir la maladie. «L’efficacité de ce produit sur les symptômes de la dermatite atopique est rapide et durable: qualité de vie retrouvée, peau plus confortable… Les retours de mes patients sont unanimes», signale le Dr Ghislain. Et ce, avec une excellente tolérance par rapport à d’autres traitements tout aussi efficaces mais qui s’accompagnent d’une multitude d’effets secondaires à plus ou moins long terme (comme les corticoïdes ou les immunosuppresseurs). «Le dupilumab n’a pas d’impact négatif sur l’immunité du patient. Il ne nécessite pas de bilan préalable ni de suivi régulier et peut être pris sur le long cours», précise le Dr Ghislain. «Seul bémol: environ un patient sur cinq va développer ou révéler une conjonctivite (inflammation de l’œil) liée au traitement. Bien qu’inconfortable, cet effet secondaire peut habituellement être traité sans trop de peine.»
«Nous disposons de données rassurantes, reposant à la fois sur nos connaissances théoriques et sur notre expérience d’une dizaine d’années dans le domaine des essais cliniques», indique le Dr Ghislain. «Il faut savoir aussi que ce traitement est déjà remboursé depuis deux-trois ans dans d’autres pays. À l’heure actuelle, rien ne laisse penser que cette biothérapie pourrait induire des effets indésirables sur le long terme. Toutefois, la prudence reste de mise, comme avec n’importe quel médicament. Ainsi, en vertu du principe de précaution, le dupilumab est actuellement contre-indiqué en cas de grossesse.»
«Certainement!», d’après le Dr Ghislain. «Les dernières innovations thérapeutiques pour la dermatite atopique remontent au début des années 2000, avec les immunomodulateurs topiques (tacrolimus et pimécrolimus), qui ont aidé les patients mais n’ont pas entièrement répondu aux attentes que l’on avait à leur égard. Quant aux traitements par immunosuppresseurs et immunomodulateurs oraux, ils ont démontré une réelle efficacité mais s’accompagnent malheureusement souvent de multiples effets secondaires qui en limitent l’usage sur de longues périodes.»
«D’autres biothérapies sont à l’étude, et vont sortir dans les prochaines années», indique le Dr Ghislain. «Nous pouvons aussi tabler sur d’autres types de traitements tout aussi innovants. Je pense notamment aux «anti-JAK» (inhibiteurs des Janus kinases), qui bloquent l’action d’enzymes impliquées dans certains processus d’inflammation chronique. On peut s’attendre à avoir ce type de médicaments en Belgique d’ici la fin 2021.»
Article rédigé par Aude Dion, journaliste santé, en collaboration avec le Dr Pierre-Dominique Ghislain, dermatologue aux Cliniques Universitaires Saint-Luc.
Normalement, la peau joue un rôle de protection naturelle contre les agressions extérieures (bactéries, virus, poussières…). Mais chez les personnes dites «atopiques», ce rôle n’est pas rempli…
En cas de dermatite atopique, l’épiderme présente une structure irrégulière, plus perméable, qui laisse passer davantage de substances à travers la peau. En conséquence, celle-ci est anormalement sensible aux agressions extérieures, que le système immunitaire combat grâce au phénomène d’inflammation. C’est ainsi qu’une inflammation chronique, dite «de type 2», s’installe… Les cellules qui en sont précisément à l’origine sont les lymphocytes T (un type de globules blancs). Face à l’agression, ces derniers libèrent plusieurs molécules (principalement les interleukines 4 et 13) pour indiquer au corps qu’il doit éliminer l’intrus et réparer le tissu lésé.
L’inflammation chronique de la peau qui caractérise la dermatite atopique prend la forme de crises (ou poussées) d’eczéma. Les principaux symptômes sont des plaques rouges qui démangent. La peau peut également avoir un aspect très sec avec des desquamations (peau qui pèle) ou présenter des vésicules (toutes petites bulles), parfois suintantes. Les facteurs déclenchants peuvent être
- environnementaux: produits irritants comme les détergents, tissus rêches, vêtements trop serrés, air froid et sec, sueur...
- liés à une allergie: pollens, acariens, poils d’animaux, allergènes de contact d’origine chimique…
Entre deux crises (périodes de rémission), l’eczéma est plus discret, voire totalement absent. Mais il est malgré tout nécessaire de continuer à se traiter. L’objectif: combattre la sécheresse cutanée (xérose), caractéristique de la dermatite atopique.
Si les crises d’eczéma peuvent être traitées grâce à plusieurs options médicamenteuses efficaces, le traitement de base de la dermatite atopique quant à lui consiste en un geste ordinaire: l’hydratation de la peau. En effet, en diminuant la sécheresse de la peau, et donc en restaurant la barrière cutanée, il est possible de faire reculer les crises. Il est donc recommandé de s’enduire quotidiennement de crème hydratante de préférence neutre, c’est à dire non parfumée et contenant le moins de conservateurs possibles. De quoi joindre l’utile à l’agréable!
Article rédigé par Alicia Alongi, journaliste santé, en collaboration avec le Pr Bita Dezfoulian, dermatologue au CHU de Liège.
La dermatite atopique est une maladie inflammatoire chronique plurifactorielle. Elle a pour cause une prédisposition génétique et des facteurs environnementaux pouvant déclencher ou aggraver la maladie: le climat froid, tabagisme passif, stress. Cela entraîne une maladie localisée sur des zones particulières en fonction de l’âge: joues et zones de convexité (coudes, genoux) chez le bébé et le petit enfant, principalement les zones de pli (poignet, pli du coude, creux poplité) et le visage chez l’enfant plus grand et l’adulte.
Cette maladie concerne 10% des enfants et presque 5% des adultes. L’eczéma de contact, lui, est une forme d’allergie cutanée. Il se développe au contact d’une substance par un mécanisme allergique. C’est une maladie fréquente qui concerne 2 à 6% de la population.
Les symptômes de dermatite atopique et d’eczéma de contact sont les mêmes: plaques rouges très prurigineuses (qui démangent) avec des petites vésicules qui suintent voire des croûtes. En revanche, la localisation diffère. Les symptômes d’eczéma de contact sont strictement localisés sur une zone de contact avec un allergène précis. Il peut s’agir par exemple d’un eczéma localisé sur les lobes d’oreille ou les poignets chez les personnes sensibles au nickel présent dans les bijoux fantaisie ou d’un eczéma au niveau des mains lors d’une allergie de contact aux gants de latex. Cet eczéma peut disparaitre après la suppression de ce contact. Une dermatite atopique se manifeste par des poussées d’eczéma sur différentes zones.
À noter: une personne qui présente une dermatite atopique peut développer un eczéma de contact. Un allergène de contact qui pourrait exacerber ou rendre plus résistante la maladie va être recherché si la personne répond plus difficilement à un traitement ou si les plaques d’eczéma n’ont pas des localisations classiques, par exemple sur les mains, autour de la bouche…
Pour traiter un eczéma de contact, il est essentiel d’éliminer l’agent responsable grâce à des tests cutanés (les patchs tests). Les crèmes dermo-corticoïdes appliquées pendant quelques jours vont améliorer les plaques d’eczéma. En cas de dermatite atopique, il s’agit de prendre la maladie dans son ensemble. Le traitement repose sur l’application d’émollients pour restaurer la barrière cutanée, d’anti-inflammatoires locaux lors des poussées. Éliminer des allergènes de contact a un impact mineur sur l’évolution de la maladie contrairement à l’éviction de l’allergène dans le cadre de l’eczéma de contact.
Les anti-histaminiques peuvent apporter un certain bénéfice pour soulager la composante du prurit. Cependant, dans l’eczéma de contact, ils ne sont pas recommandés. Dans la dermatite atopique, ils peuvent être proposés mais ont une efficacité modérée.
Remerciements au Pr Julien, Seneschal, professeur de Dermatologie dans le service de Dermatologie de l'Adulte et de l'Enfant au CHU de Bordeaux.
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