Je souffrais d’hypertension depuis de nombreuses années. Chef de chantier, j’étais également assez stressé. J’ai commencé à faire de l’angine de poitrine vers 55 ans. Cinq ans plus tard, je faisais un premier infarctus. Cela ne m’a pas empêché de reprendre le travail dès que possible. A la suite d’une récidive, on m’a diagnostiqué une insuffisance cardiaque. J’avais trop tiré sur la ficelle, mon cœur était fatigué. Et moi aussi. Le traitement médicamenteux m’a beaucoup aidé. Maintenant, je porte un défibrillateur implantable. Je vais mieux. Et je suis pensionné.

Selon une étude réalisée avec la Ligue Cardiologique Belge, seul 1 Belge sur 4 sait et comprend ce qu’est l’insuffisance cardiaque. D’où vient cette méconnaissance de la maladie?

Cela vient principalement du fait que les premiers symptômes peuvent sembler anodins et sans lien avec le cœur : un essoufflement, un gonflement des pieds ou une fatigue inexpliquée. Par ailleurs, il existe également une certaine confusion entre la maladie coronarienne, qui touche les artères du cœur, et l’insuffisance cardiaque, qui est une situation dans laquelle le cœur n’assure plus convenablement sa fonction de «pompe».

Quels sont justement ces symptômes et premiers signes de l’insuffisance cardiaque?

Les symptômes de l’insuffisance cardiaque sont multiples: fatigue, essoufflement au moindre effort, palpitations, prise de poids, de la rétention d'eau qui peut entraîner un gonflement des pieds et des chevilles. Pris séparément, ces symptômes ne sont pas très alarmants, mais ils n’en sont pas moins des éléments à signaler à son médecin car ils peuvent être les premiers signes de la présence d’un problème sérieux: une insuffisance cardiaque.

Quelles sont les causes d’une insuffisance cardiaque?

Souvent, elle est considérée à tort comme une conséquence du vieillissement du cœur, mais cette maladie peut survenir à tout âge. Les deux causes les plus fréquentes sont la maladie coronarienne et l’hypertension artérielle. Mais la détérioration d’une valve du cœur, la consommation de substances toxiques (alcool, drogues), une malformation cardiaque ou certaines atteintes virales peuvent également en être la cause. En Belgique, chaque jour, on diagnostique environ 40 nouveaux cas d’insuffisance cardiaque.

Y a-t-il également des facteurs de risque à surveiller?

Vu que la maladie coronarienne est l’une des principales causes, le contrôle des facteurs de risque cardiovasculaire est primordial: tabac, alcool, alimentation déséquilibrée et  sédentarité.

Pourquoi est-il important de diagnostiquer et traiter la maladie au plus vite?

L’insuffisance cardiaque est une maladie chronique et évolutive. Sans traitement, elle va s’aggraver et entraîner des conséquences dramatiques sur la qualité de vie et le pronostic vital du patient. Mais si elle est prise en charge à temps, on peut la traiter et la stabiliser et permettre ainsi au patient de vivre mieux le plus longtemps possible. D’où l’importance pour le grand public d’être bien informé sur cette maladie, et de rester vigilant!

Des symptômes discrets

Technicien dans un hôpital, je connaissais les symptômes de l’insuffisance cardiaque. Pourtant, lorsqu’ils sont apparus chez moi, je n’y ai pas prêté attention. Plutôt discrets et banals, ils ne m’empêchaient nullement de vivre. Je n’ai pas fait le lien avec une maladie cardiaque. Je n’avais donc consulté aucun médecin.

La maladie a changé mes habitudes

Sans m’en rendre compte, j’adaptais en permanence mes activités, en évitant celles qui étaient trop fatigantes. Mes chevilles étaient gonflées en permanence, puis l’essoufflement est devenu insupportable. Le diagnostic d’insuffisance cardiaque a été posé au cours d’une hospitalisation en urgence. J’avais à peine 50 ans! Après cette hospitalisation, j’ai arrêté de fumer et de boire. J’ai changé mon régime alimentaire et je me suis soigné. Mais peut-être pas assez bien. Je me sentais trop jeune pour prendre toutes ces pilules. Une seconde hospitalisation m’a fait changer d’avis. Depuis, je suis sérieux. Et j’ai pu reprendre une vie normale!