«Si je dois faire des injections, cela veut dire que j’ai vraiment le diabète» ou «Si on doit faire des injections d’insuline, c’est que le diabète est plus grave que quand on prend des comprimés», voilà deux remarques que j’entends fréquemment.
Or, ces deux réflexions sont totalement dénuées de fondement. Le mode d’administration n’est absolument pas révélateur de la gravité de la maladie. On n’a pas un peu ou beaucoup de diabète! On a un diabète ou on en a pas. C’est le contrôle de la glycémie à un taux correct qui permet au médecin de déterminer si une augmentation de dose des médicaments hypoglycémiants ou le passage à l’injection d’insuline est nécessaire. Quand les médicaments oraux ne suffisent plus, l’insuline s’impose.
Ils sont la conséquence du manque d’information des patients. Les soins de troisième ligne (hôpitaux académiques, Association Belge du Diabète…) ont beaucoup travaillé ces dernières années à une meilleure information des médecins généralistes et infirmières à domicile, qui sont généralement les premières personnes à qui les patients s’adressent. Mais il reste encore du chemin à parcourir.
L’insulinothérapie offre de nombreux avantages. On peut adapter sa dose d’insuline en fonction de son alimentation, de l’exercice physique pratiqué et de son taux de glycémie. Cette adaptation du traitement au quotidien est beaucoup plus complexe des médicaments sous forme de comprimés qu’avec l’insuline.
On peut grossir de 2 à 3 kilos en moyenne, parce qu’on élimine moins de glucose dans les urines. Il existe aussi un risque plus élevé d’hypoglycémie (taux de glycémie trop bas) qui peut causer des malaises allant jusqu’à la perte de connaissance. Enfin, certaines personnes souffrent d’une véritable phobie des aiguilles. C’est précisément à cause de ces inconvénients que beaucoup de diabétiques appréhendent le passage à l’insuline. Mais ils sont loin d’être insurmontables!
On peut remédier facilement à la prise de poids en se faisant aider par une diététicienne et en bougeant davantage. Et les hypoglycémies peuvent être évitées en calculant la bonne dose d’insuline en fonction du repas, des efforts physiques, de sa glycémie du moment. Le diabétologue et l’infirmière ou l’éducateur en diabétologie sont là pour assister le patient dans cette tâche. Quant à la peur des aiguilles, elle est en général très vite surmontée. S’injecter son insuline devient rapidement une simple habitude. Et les aiguilles sont aujourd’hui tellement fines que l’on ne sent pratiquement rien!
"J'ai hérité de ma mère la ronde silhouette et la prédisposition au diabète. A 15 ans, je pesais déjà 75 kg pour 1 mètre 60. Ce n'est que plusieurs années plus tard que j'ai consenti à consulter "sérieusement". Le médecin m'a convaincue de perdre du poids et m'a aidée à le faire. Avec succès, puisque j'ai perdu 20 kg. Mais je les ai repris après la ménopause."
"Je dois avouer qu'il m'était difficile de poursuivre les efforts demandés. Je ne sentais rien et j'avais du mal à maintenir ma motivation.
À 60 ans, ma vue a commencé à baisser, mes pieds dormaient et me faisaient mal et surtout, j'ai fait une crise cardiaque. Le diagnostic des médecins est tombé comme un couperet: diabète non traité. J'ai alors décidé de jouer le jeu, de ne plus faire semblant que mon poids était normal et que mon diabète n'existait pas. Depuis, je me suis même mise à faire du sport et je surveille de nouveau mon alimentation. Bien sûr, je dois prendre des médicaments, mais je les supporte bien."
"J'ai appris par hasard que je faisais partie de la grande famille des diabétiques, au détour d'un petit check up. Effrayé, j'ai tout de suite fait attention à mon alimentation. Mais comme je suis très gourmand, mes bonnes résolutions se sont assez rapidement dissoutes dans le bon vin et la bonne chère. Voyant cela, mon médecin généraliste, qui me connaît depuis toujours, m'a expliqué les risques encourus, l'évolution du diabète, ses complications."
"Depuis, j'ai adopté de saines habitudes, finalement assez supportables. Je me suis également découvert une passion pour la marche. Elle me motive: dans deux ans, je me lancerai dans le Pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle! Grâce à cela, je ne dois toujours pas prendre de médicaments. Ce sera pour plus tard!"
Il faut distinguer le diabète de type 1 du type 2. Le premier apparaît le plus souvent pendant l'enfance ou à l'adolescence et est fréquemment découvert à l’hôpital, dans un contexte d’urgence qui rend l’annonce assez brutale. Apprendre que son enfant souffre d’une maladie chronique et incurable est un choc pour les parents. Quant à l’enfant, il doit absorber rapidement une foule d’informations capitales pour sa santé: injections d’insuline, nouvelles habitudes alimentaires... Cela peut être déroutant, beaucoup de questions se posent quant à l’avenir, l’espérance de vie... Mais le personnel soignant est là pour encadrer les familles dans ces moments difficiles.
C’est différent: dans la plupart des cas, le patient a plus de 40 ans. Le diagnostic est souvent fortuit mais il se produit dans une démarche de recherche, suite à une prise de sang ou une complication de santé. L’annonce du diabète est dès lors moins choquante. Néanmoins, beaucoup de gens vivent mal de se voir coller l’étiquette «diabétique» à vie. Ils s’inquiètent aussi des changements dans leur vie, des obligations et interdictions, notamment alimentaires, qu’on va leur imposer.
Avant tout, posez toutes les questions qui vous viennent à l’esprit, pendant et après le diagnostic. Le médecin et le personnel soignant sont à votre écoute et pourront vous informer et vous guider. Il ne faut pas hésiter à verbaliser tout ce qui inquiète ou fait peur. Il est aussi important de démystifier les actes techniques du traitement du diabète: par exemple, il n’y a aucune honte à s’injecter de l’insuline, il ne faut pas s’en cacher, cela peut vous sauver la vie! Enfin, informez-vous et multipliez les contacts avec d’autres patients diabétiques. Beaucoup de données sur le sujet sont librement accessibles. Il existe de nombreuses associations de diabétiques, comme l'Association Belge du Diabète (ABD), ainsi que des conventions et forums qui traitent du diabète. Tout cela vous aidera à vivre un quotidien paisible, en maîtrisant la maladie.
Ecrit par Cindya Izzarelli.
Article publié le 13/06/14.
Le trajet de soins est l’un des systèmes de suivi et de traitement pour les patients souffrant d’un diabète de type 2. Il a été mis en place en 2009. Ce trajet de soins est un contrat entre le patient, le médecin généraliste et le médecin spécialiste (diabétologue) qui a comme objectif d’optimiser le suivi du patient, et donc de minimiser la survenue des complications.
Jusque 2009, le seul système existant pour les personnes souffrant de diabète – et permettant de bénéficier d’un suivi optimal et de certains remboursements – était la convention diabète. Seul bémol: elle était réservée aux patients ayant au minimum 2 injections d’insuline par jour. Pourtant, un grand nombre de diabétiques de type 2 ne sont pas insulino-dépendants et ne rentrent donc pas dans les critères de la convention diabète. Avec pour conséquence un suivi peu rigoureux de leur maladie. De nombreux patients arrivaient en consultation après 7 ou 8 ans de maladie en étant déjà au stade des complications. Or, il a été démontré qu’une prise en charge intensive précoce a des résultats positifs sur les paramètres de contrôle du diabète et une réduction des complications.
Les diabétiques de type 2 qui effectuent 1 à 2 injections d’insuline par jour peuvent être intégrés dans le trajet de soins. Les patients prenant des antidiabétiques oraux, mais dont le diabète n’est pas bien contrôlé et chez qui un traitement par insuline ou par incrétine injectable doit être prochainement envisagé.
Le trajet de soins est un contrat généralement proposé par le médecin généraliste à son patient. Il est signé par 3 personnes: le patient, le médecin généraliste et le diabétologue. En signant ce trajet de soins, le patient s’engage à se rendre minimum deux fois par an chez son médecin généraliste et avoir au moins une consultation annuelle chez son spécialiste. Il doit également avoir ouvert un dossier médical global (DMG) chez son généraliste. Les avantages du trajet de soins sont nombreux pour le patient: plan de suivi individuel, séances «éducatives» pour mieux comprendre sa maladie ainsi que son traitement, remboursement intégral des consultations, accès à deux consultations par an chez le podologue et chez le diététicien, accès à certains médicaments spécifiques sans autorisation du médecin-conseil... L’objectif final est de faire en sorte que le patient comprenne sa maladie, se responsabilise davantage par rapport à son diabète et se sente impliqué dans sa prise en charge.
La première différence entre le trajet de soins et la convention diabète est le type de patients concernés. La convention s’adresse aux diabétiques de type 1 ainsi que les diabétiques de type 2 qui réalisent plus de 2 injections d’insuline par jour. La convention diabète est réservée aux services hospitaliers de diabétologie conventionnés (comprenant des médecins spécialistes, des infirmiers(-ères) d’éducation, un(e) diététicien(ne), un podologue et un psychologue). Le trajet de soins est quant à lui un système de suivi de « première ligne » proposé par le médecin généraliste qui en est le coordinateur principal. Le nombre de tigettes reçues par le patient pour réaliser ses contrôles glycémiques est également différent.
Le 1er juillet 2016, une nouvelle convention diabète est entrée en vigueur. Plusieurs changements ont été apportés:
Article rédigé par Kathleen Mentrop, journaliste médicale. Publié le 8 mars 2017.
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Dr Régis Radermecker, diabétologue au CHU de Liège
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