Les chercheurs sont aux antipodes d’un consensus en la matière. Ce qui les rassemble, en revanche, c’est l’hypothèse sous-jacente à leurs travaux: des mécanismes hormonaux impliquant des hormones mâles (en particulier la testostérone) interviennent tant dans certaines calvities que dans le cancer de la prostate; les deux phénomènes pourraient donc être liés.
On le sait, un taux de testostérone élevé peut favoriser la perte de cheveux. Quant au cancer de la prostate, il est «hormonodépendant»: la prolifération anormale des cellules cancéreuses est influencée par la testostérone. Un taux élevé de cette hormone favoriserait un développement rapide de ce type de cancer. Cependant, aucune étude n’a démontré que le taux de testostérone était un élément déclencheur du cancer de la prostate.
Force est de constater que les résultats de ces recherches sont loin d’être concluants. Ces études tiennent actuellement davantage de l’anecdote. Elles n’induisent donc pas de conséquences concrètes en termes de prévention ou de mesures de surveillance particulières comme c’est le cas pour les antécédents familiaux, par exemple. En d’autres termes, la chevelure n’entre pas encore en ligne de compte dans l’élaboration du schéma thérapeutique. Cela étant dit, les questions relatives aux liens entre testostérone et cancer de la prostate méritent sans aucun doute d’être davantage approfondies.
- Early onset baldness and prostate cancer risk, Denmark-Wahnefried W, Schildkraut JM, Thompson D, Lesko SM, McIntyre L, Schwingl P, Paulson DF, Robertson CN, Anderson EE, Walther PJ, Cancer Epidemiol Biomarkers Prev., mars 2000.
- Baldness, benign prostate hyperplasia, prostate cancer and androgen levels, Faydaci G, Bilal E, Necmettin P, Fatih T, Asuman O, Uğur K, Aging Male, décembre 2008.
- Male pattern baldness and prostate cancer risk in a population-based case-control study, Wright JL, Page ST, Lin DW, Stanford JL, Department of Urology, Cancer Epidemiology, avril 2010.
Que du contraire! La pratique d'une activité physique n'a que des avantages. Chez les hommes atteints d'un cancer de la prostate, le sport entraîne:
Le plus important est de pratiquer une activité physique qui plaise. La marche est idéale mais la natation ou le cyclisme (en intérieur ou en extérieur) constituent également des choix pertinents, notamment pour les patients qui souffrent de problèmes d'articulation.
Le fitness, le jardinage ou autres travaux d'extérieur peuvent également contribuer à améliorer le bien-être des hommes atteints d'un cancer de la prostate.
En outre, certains hôpitaux (dont le Grand Hôpital de Charleroi (GHdC)) ont mis en place des programmes spécifiques où les patients peuvent pratiquer en groupe l'activité physique de leur choix sous supervision médicale.
Pour les personnes qui préfèrent s'entraîner seules, marcher une demi-heure par jour ou pratiquer 30 minutes d'exercice modéré (faire de la gymnastique ou du vélo par exemple) 4 à 5 fois par semaine apporte déjà son lot de bénéfices.
Un examen médical et un feu vert préalable du médecin sont indispensables pour certains patients: ceux qui sont sédentaires, qui n'ont plus pratiqué d'exercice physique depuis longtemps et/ou qui sont en surpoids mais aussi ceux qui souffrent de maladies associées (troubles cardiaques et pulmonaires, notamment).
Une fois cet accord obtenu, il est important de débuter son activité physique de manière progressive, sans chercher à dépasser ses limites.
Je conseille également de ne pas pratiquer un exercice physique directement après les repas ou en cas de températures trop élevées ou trop basses.
Enfin, les sports violents et les efforts physiques intenses sont à éviter parce qu'ils peuvent présenter un risque sur les plans cardiaque, osseux et articulaire.
Moyennant ces précautions, pratiquer une activité physique - même légère - a toujours un intérêt. Et ce, peu importe l'âge auquel on s'y met.
Ecrit par Aude Dion.
Article publié le 17/06/14.
C’était il y a six ans, j’étais alors âgé de 70 ans. Depuis plusieurs années déjà, je me faisais régulièrement contrôler par mon urologue parce que plusieurs membres de ma famille ont eu un cancer de la prostate. Cette fois, mon taux de PSA était plutôt élevé, entre 7 et 8 ng/ml. C’était suffisamment alarmant pour procéder à une biopsie. Celle-ci a révélé que j’en étais moi aussi atteint.
Une opération, une brachythérapie (radiothérapie interne), une radiothérapie externe ou une HIFU (High-Intensity Focused Ultrasound). Il m’a également expliqué les risques de chaque traitement. Avant de me décider, je me suis bien documenté sur ces traitements. Je savais qu’ils comportaient tous les quatre des risques d’incontinence temporaire et d’impuissance temporaire ou chronique. Je n’étais pas prêt à les accepter.
J’avais déjà lu l’une ou l’autre chose sur la "surveillance active". Le professeur Louis Denis, alors président de Wij Ook, m’a bien réexpliqué en quoi cela consistait. Comme dans mon cas il s’agissait d’un petit cancer microscopique, avec des taux de PSA stables, un traitement radical n’était pas nécessaire. Bon nombre d’hommes pensent qu’il faut immédiatement agir quand ils apprennent qu’ils ont un cancer. Dans le cas du cancer de la prostate, ce n’est souvent pas nécessaire.
Trois à quatre fois par an, on effectue un dosage de ma PSA, pour s’assurer que le cancer ne s’est pas mis brusquement et rapidement à évoluer. Ce contrôle s’accompagne d’une échographie et d’un toucher rectal. En six ans, mon taux de PSA a à peine augmenté. Je n’ai donc pas suivi de traitement et ma qualité de vie a été préservée.
Ma femme et mes trois enfants savent que je ne joue pas avec ma vie. Ils sont, tout comme moi, bien informés. Ce n’est certainement pas une décision facile à prendre, et elle doit être prise en concertation avec l’urologue, j’insiste sur ce point! Mais décider de subir une opération ou des rayons et devoir vivre avec les effets secondaires ne l’est pas non plus.
Le traitement hormonal permet de ralentir la progression du cancer de la prostate en faisant baisser le taux de testostérone, une hormone responsable du développement des cellules prostatiques, qu'elles soient cancéreuses ou non. Ce traitement est prescrit aux patients qui présentent un cancer de la prostate avancé ou dont le cancer a récidivé malgré un premier traitement. L'hormonothérapie peut aussi être utilisée en association avec la radiothérapie pour les cancers localement avancés (qui ont dépassé la limite de l'organe). Environ 20.000 patients bénéficient de ce type de traitement en Belgique.
En effet. La suppression des hormones provoque des symptômes semblables à ceux de la ménopause chez la femme: bouffées de chaleur, prise de poids, altération de la fonction sexuelle, dépression, troubles cognitifs... A plus long terme, ce traitement augmente aussi fortement le risque de fractures liées à l'ostéoporose et de maladies cardiovasculaires. Il ne doit donc pas être pris à la légère.
Des médicaments qui diminuent les risques de fractures liées à l'ostéoporose peuvent être prescrits. Les patients doivent également être conscients des effets secondaires et doivent adapter leur mode de vie. Une alimentation équilibrée et la pratique d'exercices physiques réguliers sont essentielles pour prévenir les complications de l'hormonothérapie. Un programme d'exercices spécifiques a été mis au point aux Cliniques universitaires Saint-Luc. En Flandre, l'association Europa Uomo propose également un programme de soutien pour les patients atteints d'un cancer de la prostate traités par hormonothérapie. Bien qu'elles permettent d'améliorer la qualité de vie et d'allonger l'espérance de vie, ces initiatives ne sont pas encore reconnues par l'INAMI. Elles doivent donc être financées par l'hôpital ou par les patients.
De par de son ampleur: nous attendons jusqu’à un millier de participants. Mais aussi par son caractère très international. J’ai déjà aidé deux collègues à organiser des événements similaires à New York et Melbourne en 2011. A partir de cette année, nous voudrions organiser un congrès à Bruxelles chaque année paire; les années impaires, il se tiendrait alternativement en Australie et aux Etats-Unis.
Près d’une cinquantaine d’experts reconnus à l’échelon mondial viendront y présenter les connaissances les plus récentes dans le domaine du cancer de la prostate. Ensemble, ils aborderont la prise en charge globale de la maladie de a à z, depuis son apparition jusqu’à ses traitement en passant par les techniques radiologiques les plus récentes. Je suis fier que Bruxelles puisse accueillir un tel congrès: c’est la preuve que, dans notre petit pays, la médecine a vraiment su rester à la pointe.
Nous voudrions en effet mettre au point un plan en plusieurs étapes, le plus actuel possible, pour la prise en charge optimale du cancer de la prostate. Un maximum de soignants devront pouvoir se retrouver dans ce plan. Le congrès donnera donc la parole non seulement à des urologues, mais aussi à des généralistes, radiologues, oncologues et infirmiers. Le cancer de la prostate est une maladie qui devrait idéalement être abordée sous plusieurs angles. Par la suite, nous nous efforcerons de promouvoir autant que possible cette trajectoire de soins auprès de nos collègues.
Si ce congrès est principalement destiné aux prestataires de soins, les associations de patients y prendront aussi la parole. Il est important que ces derniers puissent expliquer aux médecins comment le cancer de la prostate est vécu du côté des malades. Ces associations ont un rôle fondamental à jouer dans l’assimilation du diagnostic; l’échange d’expériences et le soutien mutuel sont à cet égard des éléments essentiels.
D’après l’étude ERSPC menée dans 8 pays sur 180.000 participants (dont 10.000 originaires d’Anvers), un dépistage systématique de la population par le biais du test PSA diminue de 20% la mortalité due au cancer de la prostate.
Ce test révèle un taux de PSA élevé en cas de cancer de la prostate, mais aussi d’hypertrophie bénigne de la prostate et de prostatite (inflammation de la prostate). Seule une biopsie permet de poser avec certitude le diagnostic de cancer de la prostate. De plus, le test PSA entraîne un surdiagnostic: 30 à 50% des cancers détectés sont en réalité des "cancers dormants". Ces cancers ne sont pas agressifs et n’évoluent pas ou très lentement. Ils ne nécessitent dès lors pas une prise en charge immédiate. Un suivi actif suffit.
C’est exact. Tout surdiagnostic est associé à un risque de surtraitement, qu’il faut absolument éviter. Car, dans ce cas, un nombre accru d’hommes seraient confrontés trop précocement aux effets secondaires du traitement, comme les problèmes intestinaux, l’incontinence ou les troubles de l’érection. Ces effets secondaires ont un impact important sur la qualité de vie.
Pour éviter un décès par cancer de la prostate il faut convoquer 1.410 hommes pour un dosage de la PSA. Un cancer de la prostate sera diagnostiqué chez 82 d’entre eux. Parmi ceux-ci, 48 n’auraient jamais été diagnostiqués sans ce test, mais seront quand même traités. Et 34 seront pris en charge beaucoup plus tôt et subiront les effets secondaires plus longtemps. Au final, la mortalité aura été diminuée de 20%: ce ne seront pas 5 mais 4 hommes sur les 1.410 qui décéderont d’un cancer de la prostate. Ces chiffres, associés aux risques de surtraitement et de surdiagnostic, expliquent qu'un dépistage systématique par le biais du test PSA n'est à l'heure actuelle pas envisagé en Belgique.
«PSA» est l’abréviation anglaise de «prostate-specific antigen» ou antigène prostatique spécifique, une protéine fabriquée par la prostate. L’évolution du taux de PSA dans le sang est un indicateur précis de l’évolution du cancer de la prostate après diagnostic. Le test PSA est toutefois beaucoup moins précis lorsqu’il est utilisé non pas pour suivre l’évolution d’un cancer mais pour détecter un cancer de la prostate.
Le test PSA trouve de nombreux cancers de la prostate qui sont d’évolution très lente et que, contrairement à de nombreux autres cancers, ne sont, dans ces cas d’évolution lente, pas mortel. Dépister systématiquement le PSA, implique dès lors pour de nombreux homme de subir des examens complémentaires, et recevoir un traitement chirurgical ou radiothérapeuthique. Ils devront dès lors vivre avec les effets secondaires de ce dernier comme l’incontinence et l’impuissance. Ce qui revient à dire que pour sauver une seule vie 36 hommes suivront inutilement un traitement.
Le cancer de la prostate a une composante familiale. Il est dès lors recommandé aux hommes dont le père ou le frère sont décédés avant 60 ans du cancer de la prostate de se faire contrôler tous les deux ans à partir de 50 ans. Mais si votre père n’a appris qu’à l’âge de 78 ans qu’il était atteint du cancer de la prostate, ce n’est pas nécessaire. Seule l’apparition de symptômes tels que besoin fréquent d’uriner, diminution du jet, difficultés à commencer à uriner, besoin d’uriner la nuit devraient amener à la réalisation de test, dont le PSA.
Depuis le 1er août 2012, l’INAMI ne rembourse plus les tests PSA prescrits aux hommes chez qui aucun cancer de la prostate n’a encore été diagnostiqué. Pour les hommes qui ont des antécédents familiaux de cancer de la prostate, le test est remboursé une fois par an à partir de 40 ans. L’INAMI rembourse le test deux fois par an pour les hommes chez qui on a diagnostiqué un cancer de la prostate et chez qui le test PSA est utilisé pour évaluer l’évolution de leur maladie.
Le plancher pelvien comporte un ensemble de muscles qui « ferment » le bas du bassin. Ils sont situés entre les deux ischions (les os qui supportent le poids du corps en position assise). Ces muscles supportent le poids de la vessie et des organes de la cavité abdominale.
Le conduit urinaire (urètre), qui permet à la vessie de se vider à l’extérieur, traverse les muscles du plancher pelvien. Le fait de les contracter permet de fermer le conduit urinaire et d’empêcher ainsi les urines de s’échapper. La continence nécessite donc des muscles pelviens bien développés.
Les muscles du plancher pelvien ne sont pas les seuls acteurs de la continence; le sphincter qui entoure le canal urinaire joue également un rôle capital. Il agit comme une véritable « porte » musculaire. La prostatectomie impose toutefois d’éliminer une partie de ce sphincter, qui ne sera donc plus en mesure de fermer la vessie de manière aussi efficace. C’est la raison pour laquelle, après ce type d’intervention, de nombreux hommes présentent des fuites urinaires lorsqu’ils doivent faire des efforts importants, comme par exemple soulever une charge. Le renforcement des muscles du plancher pelvien permet de compenser la perte d’efficacité du sphincter urinaire.
Lorsque vous urinez, essayez de vous arrêter à mi-course avant de laisser reprendre l’écoulement: si vous y parvenez, c’est que vous êtes capable d’utiliser efficacement vos muscles pelviens. Mais attention: ce petit test ne doit servir qu’à contrôler le fonctionnement des muscles du plancher pelvien. Il n’est pas souhaitable d’interrompre la miction à tout bout de champ, car cela risquerait de provoquer une vidange incomplète de la vessie et d’engendrer des infections.
Commencez par rapidement contracter les muscles pendant une seconde avant de les relâcher complètement. La répétition de cet exercice vous aidera à éviter les fuites urinaires lorsque vous toussez ou éternuez. Un second exercice consiste à contracter et relâcher alternativement les muscles du plancher pelvien pendant 10 secondes, ce qui contribue à améliorer leur endurance. Un kinésithérapeute spécialisé en revalidation urologique peut vous aider à bien faire ces exercices.
Vous pouvez faire ces exercices une dizaine de fois chacun, à raison de trois fois par jour. Au début, pratiquez-les en position couchée afin de limiter la pression de la cavité ventrale sur les muscles. Il vous sembleront plus faciles. Vous pourrez ensuite, après un certain temps, les réaliser debout ou assis. Une autre possibilité est d’apprendre à contracter vos muscles juste avant de tousser ou d’éternuer, car c’est à ce moment que le risque de fuites d’urine est le plus grand.
L’idéal est de commencer quatre à six semaines avant la prostatectomie; de cette manière, vous aurez déjà une certaine expérience de ces exercices lors du retrait du cathéter.
Chez certaines personnes, le problème des fuites d’urine après prostatectomie se résout très rapidement. Chez d’autres, l’incontinence peut persister quelques semaines ou même quelques mois. Si elle n’a pas disparu après un an, mieux vaut toutefois contacter votre urologue pour voir quelles sont les autres options thérapeutiques envisageables dans votre cas.
«L’annonce du diagnostic a été un véritable choc. Bien sûr, je savais après les premiers examens effectués qu’il y avait une forte probabilité que je souffre d’un cancer de la prostate. Mais se l’entendre annoncer, c’est une autre histoire... Heureusement, mon médecin m’a très vite rassuré. Le cancer ne s’était pas étendu à d’autres organes, était peu agressif et la tumeur était relativement petite. Plusieurs traitements pouvaient m’aider.»
«Mon médecin m’a expliqué les différentes options qui m’étaient proposées, notamment une ablation chirurgicale de la prostate. Mais le risque d’effets secondaires suite à ce type d’intervention était plus important que pour une curiethérapie (Ndlr, également appelé brachythérapie) par exemple. J’ai donc choisi cette seconde option. D’autant plus que ce type de traitement n’est réservé qu’aux patients dont le pronostic (vital) est très bon, ce qui était mon cas.»
«Il s’agit d’une sorte de radiothérapie de l’intérieur. Des implants de la taille d’un grain de riz ont été placés à proximité de ma prostate au cours d’une intervention chirurgicale. Ces implants sont recouverts d’une matière radioactive qui irradie l’ensemble de la prostate pendant 6 semaines et tue les cellules cancéreuses. Passé ces 6 semaines, le taux de radiation devient insignifiant mais les implants sont laissés en place.
Cette technique permet d’irradier à plus haute dose qu’en radiothérapie externe. Et donc d’avoir de meilleurs résultats, tout en ayant moins d’effets secondaires.»
«Très bien. Je suis arrivé le matin à l’hôpital. L’opération qui a permis de placer les implants a duré plus ou moins deux heures durant lesquelles j’étais sous anesthésie générale. Puis je suis resté la nuit en observation. Le lendemain matin, j’étais déjà dehors.»
«J’ai souffert d’une inflammation du rectum. J’ai aussi eu de petits soucis d’urgence mictionnelle durant quelques semaines après l’intervention. Je ressentais souvent une envie très pressante d’uriner et j’ai eu quelques petits accidents. Mais tout cela était la conséquence directe de la radiothérapie et, aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre.
J’ai surtout ressenti de la frustration: mon petit-fils est né quelques jours avant l’opération et je n’ai pas pu le prendre sur mes genoux pendant au moins 6 semaines à cause de la radioactivité des implants de curiethérapie.
En tous cas, 5 ans après l’intervention, je vais bien et le cancer n’a manifesté aucun signe de reprise!»
«Classiquement, le cancer diffuse d’abord par voie lymphatique et métastase en premier lieu au niveau des ganglions lymphatiques. Les premiers ganglions atteints sont généralement situés au niveau pelvien et rétropéritonéal (c’est-à-dire au niveau de l’espace derrière la cavité abdominale). La deuxième localisation fréquente est l’os. Les métastases osseuses sont courantes, que ce soit au niveau du bassin et du sacrum, au niveau vertébral ou des côtes. Les vertèbres touchées peuvent entraîner des tassements osseux, des fractures responsables de douleurs ou des atteintes de la moelle épinière… En 3e position, on trouve les poumons et enfin, les autres organes (foie…).»
«Jusque très récemment, lorsqu’un cancer était diagnostiqué au stade métastatique ou qu’il avait évolué dans un second temps vers ce stade métastasique, on débutait par un traitement hormonal dit de première ligne à base d’agonistes ou d’antagonistes de la LHRH, qui permet d’arrêter la sécrétion de testostérone. Ce traitement pouvant n’être efficace que durant un certain temps (environ 18 mois), il était parfois suivi dans un second temps de chimiothérapie à base de docétaxel. Sont ensuite apparus des traitements hormonaux de 2e génération comme l’acétate d’abiratérone ou l’enzalutamide. Se pose aujourd’hui la question de savoir quand commencer ces nouveaux traitements et dans quel ordre afin d’optimiser les résultats en termes de ralentissement de la progression de la maladie et d’amélioration de la survie.»
«Deux études (STAMPEDE et CHARTEED) ont démontré l’intérêt chez les patients d’emblée métastatiques de coupler cette hormonothérapie de première ligne avec une chimiothérapie à base de docétaxel. Cette combinaison de traitements administrés simultanément montre une amélioration d’environ 18 mois au niveau de la survie globale, essentiellement pour les patients à haut volume métastatique (c’est-à-dire avec plusieurs localisations osseuses et/ou des métastases viscérales). Pour les patients ayant un cancer à bas volume métastasique, le recours à cette combinaison de traitements reste encore discutée.»
«Non. Il est également possible d’associer l’hormonothérapie de première ligne avec une hormonothérapie de 2e ligne à base d’acétate d’abiratérone. Deux autres études (LATITUDE et STAMPEDE également), dont les résultats ont été présentés en juin de cette année, ont étudié cette association d’hormonothérapies: les résultats démontrent un bénéfice de plus de 30% en termes de survie et de plus de 50% de réduction de la progression de la maladie chez les patients d’emblée métastatiques. Cette amélioration bénéficie tant aux patients à haut volume métastatique qu’à ceux à faible volume métastatique. Se posera donc prochainement la question du choix entre ces différents traitements et associations pour chaque patient en tenant compte des caractéristiques de la maladie. Il est important de noter que ces indications ne sont pas encore officiellement admises en Belgique.»
«Certains patients âgés, affaiblis ou avec des comorbidités diverses (cardiaques, rénales, diabète…) pourraient ne pas supporter l’un ou l’autre traitement. Il est important de tenir compte de l’état général et des comorbidités des patients ainsi que de leurs attentes afin d’optimiser au mieux le traitement. C’est pourquoi on parle de médecine personnalisée. Ainsi, dans le cas de patients diabétiques par exemple, on veillera au maintien de l’équilibre glycémique avec l’acétate d’abiratérone, car cette hormone de nouvelle génération doit être prise en combinaison avec des corticoïdes susceptibles de déséquilibrer le diabète.»
Article rédigé par Kathleen Mentrop, journaliste santé. Mis en ligne le 12 octobre 2017.
Dans les pays occidentaux, le nombre d’hommes en surpoids est nettement plus élevé qu’en Afrique ou en Asie. Les personnes dont l’IMC (indice de masse corporelle*) est supérieur à 25 sont exposées à un risque accru de maladies cardiovasculaires, comme un infarctus du myocarde. Mais un IMC élevé augmente aussi le risque de développer un cancer de la prostate.
Il est conseillé d’éviter les graisses animales et la viande rouge. Par ailleurs, il est recommandé de consommer beaucoup plus de légumes. L’effet préventif du thé vert, des tomates et des pousses de soja dans le cancer de la prostate a par exemple été démontré. Enfin, les hommes devraient aussi pratiquer une activité physique au moins 30 minutes par jour. Ils devraient également viser à atteindre un IMC normal, compris entre 18,5 et 25.
Les effets bénéfiques de ces compléments n’ont pas été prouvés. Les études ont ainsi montré qu’un complément de sélénium ou de vitamine E, pris sous la forme de comprimés, n’exerce aucun effet préventif. En revanche, un régime sain composé de légumes contenant du sélénium et de la vitamine E a bel et bien un effet avéré.
Deux études de grande envergure, les études PCPT et REDUCE, ont examiné les effets du finastéride et du dutastéride. Ces deux médicaments se sont avérés réduire le risque de cancer de la prostate d’environ 25% après respectivement sept et quatre ans. À l’heure actuelle, ces médicaments sont principalement prescrits pour les troubles mictionnels (diminution du jet d'urine, difficultés à se retenir...) causés par une hypertrophie bénigne de la prostate.
*L’indice de masse corporelle se calcule en divisant le poids (exprimé en kg) par le carré de la taille (exprimée en mètre).
Qu’est-ce qu’une récidive du cancer de la prostate?
On parle de récidive quand un nouveau cancer se développe dans un organe qui a déjà été touché par une tumeur maligne. Selon les cancers, les risques de récidives sont plus ou moins fréquents.
Les récidives du cancer de la prostate sont-elles fréquentes?
En Belgique, environ 8.600 cas de cancer de la prostate sont diagnostiqués chaque année. En l’absence de métastases au moment du diagnostic, la tumeur peut être enlevée par ablation chirurgicale de la prostate.
Dans les dix années qui suivent cette intervention, on observe toutefois chez 30 à 50% des patients qu’un nouveau cancer se développe au même endroit: leur cancer récidive.
Il est important de dépister ce nouveau cancer le plus vite possible. Mais, jusqu’ici, la détection d’une récidive à un stade très précoce n’était possible que dans 10% des cas. Par stade très précoce, j’entends quand les taux de PSA le marqueur sanguin du cancer de la prostate, s, le marqueur sang, ont inférieurs à 2,0 ng/ml. C’est-à-dire quand la tumeur est encore très petite.
Comment cette nouvelle méthode de détection précoce fonctionne-t-elle?
On administre au patient une molécule de marquage radioactif – un traceur – qui cible spécifiquement la protéine PSMA. Cette protéine est présente exclusivement au niveau des foyers de récidive des cancers de la prostate.
Une heure après l’administration de cette molécule de marquage radioactif, un examen au PET Scan permet de détecter la radioactivité du produit injecté dans le corps et de visualiser les éventuelles récidives.
Quand l’examen au PET Scan a localisé un foyer de récidive, on peut alors procéder à une intervention ciblée afin d’augmenter les chances de survie du patient.
Quels sont les avantages de cette nouvelle technique?
Cette nouvelle technologie présente deux avantages majeurs par rapport aux techniques actuelles:
- elle est beaucoup plus sensible pour la détection de récidives naissantes que toutes les autres techniques existantes cumulées. On peut donc intervenir plus rapidement quand une récidive se produit;
- le marquage du traceur s’effectue au Gallium-68, un isotope qui peut être produit de façon relativement bon marché dans l’hôpital. Dans le cas de certaines autres techniques, le marqueur radioactif ne peut être produit que dans des laboratoires spécialisés.
Cette nouvelle méthode sera-t-elle bientôt d’application courante?
Tout à fait. Cette nouvelle méthode a été utilisée récemment pour la première fois et nous en sommes maintenant à notre première centaine de patients. Si après ces cent patients, la technique donne toujours les mêmes résultats, elle remplacera toutes les méthodes plus anciennes. L’UZ Gasthuisberg (Louvain) a d’ailleurs déjà franchi le pas et ne travaille plus qu’avec cette nouvelle méthode.
Quand cette technique sera-t-elle disponible et pour quels patients est-elle utile?
Cette technique est d’ores et déjà pratiquée à l’Institut Jules Bordet (Bruxelles) et à l’UZ Gasthuisberg (Louvain). Elle n’est utilisée que pour la détection des récidives à un stade très précoce (taux de PSA inférieurs à 2,0 ng/ml). Précisément à un stade qui permet encore d’espérer un traitement curatif.
Toon Verlinden
«Non, c’est d’ailleurs un problème dans le cadre de ce cancer. Actuellement, le test le plus fréquemment utilisé est la mesure du taux de PSA total et de PSA libre dans le sang. La mesure de ce marqueur associée à d’autres examens, comme le toucher rectal ou l’échographie endorectale, permettent d’établir qu’il existe un éventuel risque de cancer. Autrement dit, après ces examens nous pouvons indiquer à notre patient s’il y a une probabilité qu’il souffre d’un cancer de la prostate. Mais ça reste une probabilité.»
«Grâce à une biopsie, un prélèvement des tissus suspects au niveau de la prostate. Ce prélèvement est effectué à l’aide d’une sonde d’échographie glissée dans l’anus et par laquelle une aiguille est introduite dans la prostate pour réaliser le prélèvement. La biopsie reste encore à ce jour le seul moyen de poser avec certitude un diagnostic chez un patient.»
«Nous réalisons sans doute trop de biopsies. Nous recevons en effet régulièrement des résultats négatifs suite à de tels examens. C’est rassurant pour le patient bien sûr. Mais cela signifie aussi qu'il a subi un examen invasif alors que ce n’était pas utile. Or, la biopsie induit un risque de saignements ou encore d’infection de la prostate, ce qui n’est jamais vraiment anodin pour le patient. C’est pourquoi lorsque la probabilité qu’il s’agisse d’un cancer de la prostate est faible, nous proposons au patient un suivi de surveillance. En bref, attendre et refaire un bilan sanguin 3 mois plus tard.»
«Le test PCA3 consiste à mesurer la présence de certains marqueurs dans l’urine après un massage de la prostate. Comme pour le PSA, ce test ne permet pas de poser le diagnostic mais il permet d’évaluer le risque de cancer avec beaucoup plus de précisions. Les résultats obtenus permettent de déterminer avec plus d’efficacité si une biopsie est vraiment nécessaire. Ce test n’est toutefois actuellement pas remboursé par la Mutuelle. Son coût (250€) est donc entièrement à charge du patient. Ce coût élevé associé au fait que le test ne suffit pas à lui seul à donner le diagnostic (une biopsie reste nécessaire) explique le fait que le test PCA3 est encore relativement peu utilisé actuellement.»
Tout simplement parce que le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes de plus de 50 ans. Il est donc indispensable d'informer la population masculine sur cette maladie. Plusieurs pays participent à la semaine de l'urologie, et donc aussi à la journée de la prostate. Au cours de celle-ci, différentes conférences seront proposées sur le thème de la prostate.
Des pathologies de la prostate en général, et du cancer de la prostate en particulier. L'aspect "prévention" sera notamment abordé. En tant qu'urologues, notre but est d'encourager les hommes à discuter avec leur médecin traitant de la nécessité de se faire dépister. À l'heure actuelle, aucune campagne de dépistage n'est organisée, comme c'est par exemple le cas pour le cancer du sein. Tout simplement parce que le dépistage du cancer de la prostate est plus critiqué que ce dernier. Il est donc très important que les hommes sachent s'ils appartiennent ou non à une catégorie de patients à risque. Le second volet de cette journée sera dédié aux soins de support.
Les soins de support concernent les hommes qui ont subi – avec succès ou non – un traitement du cancer de la prostate. Ces derniers peuvent en garder des séquelles, parfois fort handicapantes. Fatigue, incontinence et troubles de l'érection ne sont pas rares chez des personnes pourtant parfaitement guéries. De nouveaux médicaments contre ces symptômes ont fait leur apparition récemment. La journée européenne de la prostate est donc l'occasion de mettre en avant ces traitements susceptibles de changer radicalement le quotidien des patients. Avouez que ce serait dommage de passer à côté!
De par mon métier - je suis rédacteur en chef d’un magazine scientifique et technique consacré à la médecine de laboratoire - , j’avais déjà lu pas mal de choses sur le test PSA, utilisé dans le dépistage du cancer de la prostate. Cet examen est remboursé pour les hommes à partir de 50 ans en Belgique. Quand j’ai atteint la cinquantaine, en mai 2001, j’ai demandé à mon médecin généraliste de me faire ce test de dosage de la PSA.
Cette première analyse a révélé que mes taux sanguins de PSA étaient dans le rouge! Un deuxième test effectué quelques semaines plus tard a confirmé ces mauvais résultats. Une échographie, un toucher rectal et une biopsie ont aussi révélé qu’il y avait un problème avec ma prostate. Mais cela ne permettait toujours pas de confirmer le diagnostic de cancer de la prostate. Lors du troisième test PSA, les taux avaient doublé. Les biopsies complémentaires allaient dans la même – mauvaise - direction. Trois mois plus tard, les taux de PSA avaient encore fortement augmenté. Après d’autres examens complémentaires, le diagnostic de cancer de la prostate a été confirmé.
Dès le premier test PSA, je me suis largement informé sur le cancer de la prostate, même si le diagnostic n’était pas encore confirmé. J’étais donc préparé au traitement. Je savais que je risquais de subir une prostatectomie, une opération chirurgicale qui consiste à enlever la prostate.
J’ai été opéré le 2 janvier 2002. J’ai eu la chance que la tumeur était encore complètement encapsulée: les tissus entourant la prostate n’étaient pas atteints. Mais, comme mon rectum s’est déchiré au cours de l’opération, les chirurgiens n’ont pas pu épargner les nerfs situés sur la prostate. Heureusement, ce type de complication se produit rarement.
Après ma sortie de l’hôpital, j’ai repris immédiatement le travail, malgré la fatigue des premières semaines qui ont suivi l’opération. Grâce aux séances de kinésithérapie, j’ai réussi après six mois à rester pratiquement au sec. Mon incontinence ne m’a d’ailleurs jamais confiné à la maison. Personne ne pouvait voir le petit réservoir accroché à ma jambe. Le seul ennui, c’est que dans les restaurant ou café, dans les toilettes des hommes, il n’y a pas de poubelles pour les protections urinaires.
Depuis mon opération, je ne peux plus avoir d’érection. Les nerfs sont tellement endommagés que même les médicaments facilitateurs de l’érection ne peuvent pas m’aider. Les injections de prostaglandines sont la seule option qui fonctionne dans mon cas.
Depuis mon opération, je n’ai plus dû suivre de traitement, mais je passe un contrôle tous les ans. Mes taux de PSA, provenant des tissus restant, sont revenus à la normale. Rétrospectivement, je me réjouis que mon cancer ait été détecté à temps. Le cancer de la prostate peut avoir de lourdes conséquences, même si la maladie évolue généralement très lentement. Je n’ai pas l’impression que le cancer de la prostate a eu un grand impact sur ma vie. Je fais encore tout comme avant.
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Pr Roumeguère, spécialiste en onco-urologie à l’Hôpital Erasme
Pr Patrick Flamen, chef du service de Médecine nucléaire (Institut Jules Bordet)
Dr Antonio Renda, urologue au Grand Hôpital de Charleroi (GHdC)
Cancer de l'estomac
Covid-19
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